J'étais ce matin au colloque sur le financement des retraites organisé par Éric Coquerel et Charles de Courson. Actuellement, les dépenses du système représentent 13,4% du PIB et les recettes 13,5%. En 2050, selon le COR, les dépenses seront toujours de 13,4%, mais les recettes de 12,7%, d'où un déficit de 0,7 point de PIB. L'évolution des dépenses de retraite est donc contrôlée.
D'un côté, la stagnation des dépenses malgré la hausse du ratio retraités/actifs s'explique par l'hypothèse que le rapport retraite/salaire baissera de 11% grâce à la stagnation du point d'indice de la fonction publique et à la politique de l'Agirc-Arrco : baisser le rendement du système plutôt qu'augmenter les cotisations. De l'autre, la baisse des recettes s'explique par la baisse des subventions de l'État aux régimes publics et aux régimes spéciaux. Le prétendu déficit vient de l'hypothèse de baisse relative des traitements indiciaires du secteur public.
La retraite concerne les salariés. C'est eux qui doivent décider et payer. On ne peut financer les retraites par des cotisations sur la taxation des dividendes (car ces cotisations n'ouvriraient pas de droit), ni par des transferts dit de solidarité (en leur demandant de financer la réversion, les validations des périodes de chômage ou de maladie, etc.) car ces transferts sont partie intégrante du système sociale.
Nous sommes dans un système capitaliste. On ne peut envisager dans ce système une forte hausse des salaires qui résoudrait la question.
Il faut dépenser 1,2 point de PIB en 2050 pour éviter la baisse relative des retraites, 1 point pour revenir sur la réforme de 2023. Comment augmenter de 2,2 points les ressources du système ? Pour 0,5 point de PIB, par un transfert des excédents de l'Unedic, pour 0,3 par la fin des niches sociales (faire payer des cotisations retraites sur les heures supplémentaires et surtout à tous les revenus extra-salariaux), pour 0,3 point par le transfert d'une partie de la CRDS quand la dette sociale sera remboursée). Reste 1,2 point, soit 3 points de cotisations, 0,15 point de hausse par an pendant 20 ans. Cette hausse doit être acceptée par les actifs, en particulier les jeunes. En contrepartie, il faut proclamer que leurs cotisations leur donnent un droit social, autant sinon plus, garanti qu'un titre financier, que le taux de remplacement et l'âge ouvrant le droit à la retraite resteront satisfaisant.
En même temps, d'autres besoins existent : la santé, l'éducation, les prestations familiales, les services publics, la transition écologique, l'amélioration des conditions de travail, le niveau de vie…Donc, il ne faut pas trop charger la barque. Redescendre à la retraite à 60 ans, avec 40 annuités et la prise en compte des années d'étude serait très coûteux et ne serait pas justifié.
Trois points à ajouter :
Certes, il faudrait plus d'emploi en France, mais nous avons encore un taux de chômage de 14% en intégrant le halo du chômage et le temps partiel contraint. Ce n'est pas le taux d'emploi des 60-62 ans qui empêche aujourd'hui, ni d'ailleurs dans le passé, le développement de l'emploi. La question est celle de l'emploi (qui bloque du côté de l'embauche des entreprises, mais de la population active disponible et de la politique industrielle (au sens large).
Nous avons entendu le Medef prôner le développement de la capitalisation en oubliant que ce développement imposerait immédiatement une forte hausse des primes aux fonds de pension, des salariés et des entreprises, ce qu'il refuse férocement pour la répartition.
Par ailleurs, ce serait bien de ne laisser personne sans solution. Les personnes de plus de 58 ans, chômeurs de longue durée depuis plus de 2 ans, devraient avoir droit soit à une pension d'invalidité, soit à une retraite à taux plein, soit à un emploi selon leur qualification dans une entreprise d'insertion, une collectivité locale ou une association.