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Billet de blog 8 décembre 2012

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Pierre-Cédric Bonin, le pilote du Rio-Paris, possédait-il ou non la licence de pilote de ligne ?

 Si jamais fut une question saugrenue dans le cockpit d'un avion de ligne long courrier, celle posée par le Cdt Dubois à son pilote Bonin, en fut bien une, et de taille encore !Tu as le PL toi ? 

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Si jamais fut une question saugrenue dans le cockpit d'un avion de ligne long courrier, celle posée par le Cdt Dubois à son pilote Bonin, en fut bien une, et de taille encore !


Tu as le PL toi ? 


Alors que chez Air France comme partout ailleurs dans le monde, la possession de la Licence de Pilote de Ligne est un des critères d'accès au long courrier pour les jeunes co-pilotes embauchés sur moyen courrier, comment imaginer une seule seconde qu'un commandant de bord puisse se poser cette question sur un long courrier de la Cie Air France ?
Plusieurs milliers de commandants de bord et d'instructeurs exercent ce magnifique métier dans des dizaines et des dizaines de Cies Aériennes de par le monde, pas un seul parmi eux ne pourrait imaginer une telle question, ni même la concevoir.
Seul le BEA, le bureau français enquêtes et analyses, et c'est une véritable honte, semble trouver normale cette question...
Pour autant elle a bel et bien été posée, et elle a été posée dans un contexte tout particulier, je veux dire que Dubois a posé cette question alors qu'il comprenait, au moment de quitter le poste, que Bonin avait décidé de le suppléer.
Elle est donc à considérer en rapport avec les critères qui permettent à un officier pilote de suppléer son commandant pendant son repos.
Elle avait donc au delà de son caractère saugrenu, une véritable signification profonde.

  • En tout premier lieu elle exprimait bien évidemment un doute à savoir " mon pilote a t-il la licence complète de pilote de ligne " en d'autres termes est-il habilité à me suppléer ? 
     
  • En second lieu, comment ce doute pourrait-il se concevoir dans une Cie où tous les pilotes long courrier sont supposés avoir satisfait aux critères d'accès, c'est à dire supposés détenir cette licence complète de pilote de ligne.


Mais... 


Comment pourrait-il donc y avoir doute, sauf à être informé justement, que tous ne satisfont pas à ces critères .
Dubois a ainsi posé cette question parce que précisément il sait que tous les pilotes long courriers sur A330, ne possèdent pas, nécessairement, la licence de pilote de ligne complète.
On comprendra alors et en conséquence ce qu'indiquait formellement le premier rapport du bureau enquêtes et analyses , à savoir que seul, David Robert, était habilité à suppléer de la place droite le commandant de bord puisque Bonin, lui, ne possédait que la " théorie " de la licence de pilote de ligne.
On comprendra tout aussi aisément que Dubois ne pouvait être informé, comme tous ses collègues, de la possibilité de voler avec des co-pilotes non habilités à le suppléer, que par des notes internes, ou autres informations Cie.
Ces notes, ces informations internes ont officiellement et à coup sûr existé, à l'enquête judiciaire de le dire et surtout de le démontrer.
Il est en conséquence proprement inconcevable que deux ans plus tard le BEA se rétracte et annonce que Bonin, en fait, avait bien la Licence Pilote de Ligne...
Au Juge d'Instruction de déterminer où se trouve la vérité, dans le rapport n°1, ou dans les rapports n°3 et final ?
Les moyens ne manquent pas ! 
Si Bonin à officiellement passé l'épreuve pratique pour l'obtention de la licence complète de Pilote de ligne, la date d'obtention de la Licence ne suffit pas à emporter la preuve.


Encore faudrait-il, vu les circonstances, produire le dossier de cet examen à savoir et en tout premier lieu :
Quel examinateur ? Quelle fiche de notation ? Quel simulateur de vol ?  Et puis dans le fond et pourquoi pas : si Bonin à bien passé l'épreuve l'a t-il réussie ou non ? 

Au vu tragique de sa dernière et fatale prestation, il est permis d'en douter.

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