Difficile pour autant de ne pas faire le rapprochement avec l'accident survenu en Novembre 2013, au vol Tatarstan 363, un Boeing 737-500 immatriculé VQBBN, dont voici une video.
Et ci-dessous un extrait des données FDR
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Données intéressantes dans la mesure où elles ne paraissent pas indiquer à première vue un décrochage, si on ne considère que la vitesse. En revanche si l'on considère aussi le facteur de charge n, la vitesse de décrochage étant fonction de √n, il n'en est plus de même.
Le pilote automatique est déconnecté, puis la remise de gaz initiée sous une accélération de 2G et même plus, à une vitesse d'environ 140 kts jusqu'à obtenir une assiette de 20°. La vitesse a chuté doucement vers 125 kts et la prise d'altitude a été de l'ordre de 1000'.
Avec pour hypothèse une vitesse de décrochage nominale de 100kts, il est clair que celle-ci devient 100*√n soit 141 kts sous un facteur de charge n=2.
Ainsi clairement le passage d'une assiette de 20° à -50°, donc à un piqué mortel, ne peut s'expliquer que part un décrochage dynamique et donc brutal.
Juste avant l'impact, l'équipage de nouveau tire sur le manche et diminue l'assiette jusqu'à - 40°. On voit aussi que durant l'abattée l'avion a subi jusqu'à -2g, avant de revenir à zéro g... Abattée et/ou action prolongée manche à fond à piquer ? C'est allé très vite en tous cas
Revenons au crash de Rostov-sur-le-Don et à notre B737-800.
Beaucoup de similitudes, mais aussi bien des différences.
La tranche d'altitude est de 3000' + et à peine 2000' à Kazan. À Kazan l'avion accélère jusqu'à près de 300 kts, et pratiquement pas à Rostov.
Sa vitesse sol est de 185 kts, ce qui ferait une Vp de 205 kts, en supposant une vent de face à 4000' de 40 kts.
On est alors loin de la vitesse de décrochage...
L'équipage avait annoncé qu'il monterait au FL80, en cas de remise de gaz, le contrôleur avait accusé réception et demandé de contacter Rostov Radar sur 121.2, et le pilote avait répété la clearance, ce qui indique que pendant un instant il a perdu des yeux l'horizon artificiel le temps d'afficher la nouvelle fréquence, à moins qu'elle l'ait déjà été en STBY.
L'approche fatale a certainement été effectuée sous autopilot, l'équipage paraît concentré, annonce qu'il est établi sur le LOC, reçoit la toute dernière avec la TWR, qui confirme moderate windshear ( lequel était déjà annoncé sur le METAR de 00:20Z ainsi que des sévères turbulences )
Le 737-800 a t-il la capacité de remise de gaz sous autopilot, je ne le sais pas, je pense néanmoins que oui, et que dans ce cas la remise de gaz a peut-être été effectuée sous pilote automatique ? Impossible donc de se déterminer. L'hypothèse avion en feu au vu de la video de surveillance semble pouvoir être éliminée, au vu de la vidéo de Kazan. Ce qui pourrait ressembler à une boule de feu ne serait en fait que le halo dû aux phares d'atterrissage.
Il y a eu perte de contrôle à 4000', c'est manifeste mais quelle en est la cause ? Impossible de le dire en l'état des éléments connus, c'est à dire ceux de l'ADS-B, exploités par FR24. En notant que les altitudes fournies par FR24 sont des altitudes pression on peut dire que l'avion est descendu jusqu'à 1175' ( QNH ) c'est à dire jusqu'à 200' avant le passage du LOM, et à 3Nm du seuil de piste. Il avait effectué la moitié de l'approche finale quand il décida de remettre les gaz.
Il était à 900' du sol à ce moment-là, et il a jugé qu'il ne pouvait plus continuer, et l'on peut penser que c'était à causes des turbulences sévères comme annoncées, à moins qu'il ait subi un windshear et appliqué la procédure " windshear Toga ". Ce qui ne se voit pas sur les données FR24.
Ainsi pour raison de trop fortes turbulences il a pris sa décision dans le but de dégager, fort probablement. En effet il avait annoncé qu'en cas de remise de gaz, il monterait initialement au FL 80, et le contrôleur avait noté. Il ressort de tous ces éléments que le commandant a agi et réagit fort raisonnablement. Il a attendu le maximum qu'il pouvait en raison du carburant minimum pour dégager, et a tenté une dernière approche.
Il n'est pas allé jusqu'à la phase de courte finale et d'arrondi, compte tenu de ce qu'il vivait à mi-approche, et il faut saluer cette attitude impeccable.
Que s'est il passé ensuite ? personne ne peut le dire à ce stade. En tous cas, nulle trace d'entêtement, bien au contraire.