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Billet de blog 26 août 2013

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FLETCHER OU L'INCOMPÉTENCE MÉDIATISÉE D'UN FANTÔME

 PRAGMATIQUES REFLEXIONS SUR L'EMPORT CARBURANT DANS UN AVION DE LIGNE

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PRAGMATIQUES REFLEXIONS SUR L'EMPORT CARBURANT DANS UN AVION DE LIGNE

Je l'écrivais hier sur un mode certes plus romanesque, mais je posais néanmoins le constat qu'emporter quelques centaines de kilos de carburant en supplément du " total Fuel " calculé pour une étape donnée n'avait pas nécessairement une grande signification, tout dépendait du contexte de l'arrivée MTO et densité du trafic, mais aussi du terrain de dégagement choisi et de sa plus ou moins grande proximité du terrain destination. En effet 300 kg de fuel supplémentaire n'apportent en eux même que 6 à 7' de vol supplémentaire  ( sur moyen courrier ) ce qui n'a pas nécessairement ni grande signification ni grande utilité. 

Tout particulièrement du point de vue de la sécurité des vols dont se gargarisent à l'envi ceux qui en ont fait leur fond de commerce et leur médiocre lobbying.

Pour dire clairement les choses, ou on embarque le carburant calculé dès lors que la confiance est grande dans la précision de l'outil, ou l'on embarque carrément une tonne de plus ou 2 tonnes et l'on dit pourquoi et à quoi est destiné cet emport supplémentaire.

Pas de demi mesures en fait, ces demi mesures qui en effet ont un coût inutile sans réelle justification en termes de sécurité des vols.

Ce que ne peuvent comprendre certains plumitifs et leurs éditeurs, c'est que la sécurité des vols se fait dans la tête d'un commandant de bord, d'abord, et pas nécessairement dans les réservoirs. Je veux donc parler de gestion de quantité de carburant, d'anticipation et de réflexion.

Les plans de vols opérationnels utilisés par les Cies aériennes sont aujourd'hui des outils extrêmement précis et fiables et les calculs de carburant à emporter et de consommation remarquablement rigoureux. Dès lors, l'on considérera que le carburant à emporter sera bien entendu parfaitement réglementaire mais qu'en plus il recèle dans sa structure les outils qui permettront au pilote un raisonnement  correct sans facteurs de stress, et débouchant sur un " making decision " adapté et sûr.

Attente à destination ? Et pour quelle raisons ?

Le fait d'avoir éventuellement à attendre à destination doit en permanence être corrélé avec la certitude de se poser néanmoins à destination, ou non ...

Quand cette certitude existe et il faudra que cette certitude puisse être étayée par la présence de deux pistes d'atterrissages possibles au moins, il devient inutile  alors de conserver la possibilité de dégager et tout ou partie de la réserve de dégagement peut alors être convertie en attente, ce qui représentera dans de nombreux cas des attentes potentielles de 30 minutes à une heure voire plus .... 

Ajoutons à cela les réserves de routes qui sont dans le cas le plus général non consommées à l'arrivée ( précision des plans de vols et fiabilité des données MTO ) et qui représenteront facilement jusqu'à 15' d'attente, car la plupart des Cies " forfaitisent " leur " contingency " à des valeurs de 600 kg nous voyons que lorsqu'il y a certitude de se poser à destination les pilotes disposeront le plus souvent de possibilité d'attente pouvant facilement atteindre une heure...

C'est pourquoi il est temps, grand temps de stigmatiser la médiocrité des soi-disants spécialistes de l'aérien, leur incompréhension totale des réalités d'un vol de ligne. 

Ainsi la campagne déclenchée contre Ryanair est non seulement odieuse dans la forme mais surtout dangereusement fausse dans ses arguments. Cela dit, le cas des trois avions  Ryanair et celui de Lan Chile ne peut être rapproché de ce qui vient d'être dit plus haut, car justement personne ne pouvait prétendre ce soir là, à avoir la certitude de pouvoir se poser et ce pour des raisons MTO.

C'est pourquoi la suite des événements et des procédures judiciaires le montrera, Ryanair pourra être particulièrement fière de l'excellent travail fourni par ses commandants ce soir là et que non seulement ses commandants ont été irréprochables quant à leur décision relative au carburant choisi, et emportė, mais qu'en plus leur management des situations rencontrées lors des décisions de dégager, et lors de l'arrivée au dégagement a été remarquable et conservateur. Bref du vrai professionnalisme ! Bravo !

On y reviendra et Fletcher l'inconsistant fantôme d'une maison d'édition devenue bien décevante en marquera l'inévitable déclin et disparaîtra au terme d'un implacable procès que les réputés avocats de Ryanair ne peuvent pas perdre. 


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