Récemment les signataires, dont je suis, de l'appel « Ensemble tout est possible ... » recevaient un courriel les informant que ses initiateurs avaient décidé de travailler conjointement avec ceux de l'appel « Se fédérer » et qu'une première réunion s'était tenue le 1er juin. Il était aussi fait allusion à une discussion qui avait eu lieu avec Roland Gori (l’Appel des appels), accompagnée de la remarque suivante : « La critique qui entoure les directions politiques (de la gauche, radicale ou pas) peut donner une chance de peser et de changer des orientations politiques. »
Suivait le texte ci-après :
« La publication du « Plan de sortie de crise » issu de l’Appel des 18 et d’un travail approfondi, a une importance majeure pour au moins trois raisons : sa réalisation comme unité du mouvement social, avec des positions antagoniques de celles de la ligne défendue par Laurent Berger et Yannick Jadot ; son interpellation des organisations politiques, belle façon de ne pas reproduire la stérilité des traditionnels rapports entre syndicats et politiques ; et enfin, dans l’état des relations des sommets des organisations ce document est une incitation à ce que des militant.e.s s’emparent des sujets de discussion et les reprennent dans leur dynamique, avec le souci d’en faire émerger des buts communs.
Il nous semble possible de faciliter des avancées en distinguant trois types de questions et trois rythmes ?
Pour définir un programme immédiat : licenciements et chômage, revenus, logement, migrations, discriminations, libertés et violences policières
Convergence des alternatives ; laisser le débat se développer et essayer de définir, à partir d’une convergence des appels, quelques propositions pour un programme de moyen terme : services publics, action publique, écologie, santé publique, fiscalité, démocratie.
D’où notre tentative de faire exister des groupes de travail thématiques, y compris évidemment en commun avec d’autres initiatives d’Appels.
Il faudra aussi un débat sur la situation politique. Ce point le plus difficile qui risque de parasiter l’ensemble. Les appareils politiques, à les observer, ne sont concernés que par les présidentielles. Mais nous l’aborderons. »
Je livre la réponse que j'avais faite à ce courriel :
Suite à ma signature donnée le 2 mai, je vous ai fait parvenir un texte daté du 18 mai publié sur mon blog Mediapart. Il portait sur votre texte que je venais de signer et sur une tribune ne se prêtant pas à signature : « Au cœur de la crise, construisons l’avenir ». Ma problématique, qui n'a pas changé, porte sur les forces qu'il faut rassembler. Dans les trois autres textes que j'ai écrits, j'ai enfoncé le clou. Selon moi, le rassemblement devrait être constitué de forces organisées - partis, syndicats, associations-, et de mouvements citoyens, qui auraient en commun de contester le capitalisme, même si, à des degrés plus ou moins poussés. Dès lors que l'on est persuadé de l'incontournabilité du rassemblement ainsi défini, toute la question porte sur le processus qu'il faut enclencher pour y aboutir. J'ai signé votre texte parce que je croyais y déceler, même si ce n'était pas vraiment explicite, une approche voisine de la mienne. Sur les trois appels qui ont suivi le votre, et dont j'ai traités : Se fédérer, Initiative capitalexit et CNNR, seul ce dernier pose clairement la nécessité du rassemblement tel que je le conçois. Le deuxième préconise une stratégie hors sol , le premier se fixe explicitement une stratégie d'auto organisation en dehors des forces organisées. Il y a aussi le « Plan de sortie de crise » issu de l’Appel de 18 forces organisées, à l'exclusion des partis. Vous avez aussi fait référence à un autre appel dont le nom « Changer de cap » m'a fait sourire, me rappelant un passé bien révolu.
Dans votre lettre, vous annoncez le rapprochement entre votre appel et Se fédérer. Vous vous donnez comme objectif de confronter vos propositions programmatiques et, peut-être d'aboutir à une plate forme commune. Mais dans quel but ?
1-Interpeller les forces organisées pour confronter vos propositions aux leurs ? On dispose du « plan de sortie de crise ». On connaît les propositions pour un nouveau projet de société du PCF, LaFI, et EELV
2- Soumettre vos propositions au débat public, sans plus vous soucier des forces organisées, tout au moins des partis ?
3- Devenir une force organisée ? L'hypothèse n'est pas exclue, puisque dans le texte « Se fédérer », il est envisagé d'aller vers « Une coopérative d’élaborations, d’initiatives et d’actions donnerait plus de puissance à nos pratiques mises en partage. Coordination informelle ou force structurée ? »
La question de vos rapports possibles avec les partis est encore plus équivoque. Que peut bien vouloir dire : « La critique qui entoure les directions politiques (de la gauche, radicale ou pas) peut donner une chance de peser et de changer des orientations politiques. » Pourquoi une telle suspicion lorsque vous notez « Il faudra aussi un débat sur la situation politique. Ce point le plus difficile risque de parasiter l’ensemble. Les appareils politiques, à les observer, ne sont concernés que par les présidentielles. » C'est une façon bien expéditive de se débarrasser du problème en invoquant le risque de parasitage et en renvoyant d'un bloc « les appareils politiques » ( terminologie empruntée à la sociologie dominante) à la seule obsession de la présidentielle. L'analyse argumentée cède alors le pas à la doxa politicienne.
Mes textes publiés dans mon blog Mediapart
Conseil National de la Nouvelle Résistance. Enfin, une initiative inclusive !
14 juin 2020 https://blogs.mediapart.fr/hillel-roger/blog/140620/conseil-national-de-la-nouvelle-resistance-enfin-une-initiative-inclusive
Capitalexit rêve mais ne convainc pas
8 juin 2020 https://blogs.mediapart.fr/hillel-roger/blog/080620/capitalexit-reve-mais-ne-convainc-pas
L'auto-organisation : pour fédérer ou exclure ?
2 juin 2020 https://blogs.mediapart.fr/hillel-roger/blog/020620/lauto-organisation-pour-federer-ou-exclure
S'y mettre ensemble
18 mai 2020 https://blogs.mediapart.fr/hillel-roger/blog/180520/sy-mettre-ensemble