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Billet de blog 7 mars 2016

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Du plomb dans l'aile (par Roger Hillel)

Projet de loi El Khomri. La mobilisation populaire grandit. La fronde interne au parti socialiste se précise. L'opinion publique est majoritairement opposée à cette réforme.

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« Le projet El Khomri doit être retiré. Non pas reporté, retiré. Son article premier suffit à le disqualifier, lui qui subordonne les droits et libertés des salariés au « bon fonctionnement de l’entreprise ». C'est par cette phrase que débute un appel unitaire* de dirigeants politiques (Ensemble, NPA, PCF, PG) et syndicaux (CGT, FSU, Solidaires Unef). L'exceptionnalité de ce tir groupé en dit long sur le danger que représente ce projet. Ce danger, les signataires de l'appel le caractérise en ces termes « (le projet)  scelle la remise en cause historique, théorique, juridique d’un siècle entier de Code du travail ». Nous sommes bien face à un enjeu de civilisation. Depuis un siècle, le bras de fer entre les forces salariales et celles patronales, en d'autres termes la lutte des classe, a porté sur l'alternative, ainsi définie dans l'appel : « adapter le travail aux humains » ou « adapter les humains au travail ». Les avancées sociales conquises de haute lutte par le mouvement progressiste et ouvrier ont inspiré la rédaction du code du travail. La social démocratie, même si elle a souvent transigé avec les tenants du capital, n'en a pas moins, à plusieurs moment de son histoire, contribué à la conquête de ces avancées. Le souvenir de Jaurès, Blum, et dans une certaine mesure Mitterrand, n'est pas totalement effacé. Or, depuis 2012, « La France n'est pas gouvernée par l'aile droite du PS mais par des néoconservateurs, dans tous les domaines, à quelques exceptions près », dixit le député socialiste Pouria Amirshahi qui vient de claquer la porte du PS. Cette sortie annonce–t-elle une recomposition de la social-démocratie ? Pour le moment, c'est autour du « Trop, c'est trop » des aubrystes que s'organise l'opposition à la ligne conservatrice de leur parti. Qu'on ne s'y trompe pas, les calculs politiciens dans la perspective de 2017 n'expliquent pas tout. Après Martine Aubry, voilà que l’ancienne ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, donne de la voix. Bien sûr, les appels à se ressaisir mettent surtout l'accent sur « l'erreur politique » de l'exécutif. C'est bien là, la limite de cette fronde. Car, ce n'est pas une erreur mais bien une volonté politique qui a guidé l'exécutif. Les manœuvres de toute sorte vont proliférer, mais dans un climat défavorable pour le pouvoir. En témoigne le succès de la cyber-pétition « Loi travail : non merci ! » qui vient de dépasser le million de signatures, ce que traduit le sondage Odoxa publié dimanche dernier qui donne 70 % des français opposés à la loi El Khomri. La contestation ne cesse d'enfler. Les jours qui viennent au cours desquels Valls va recevoir les syndicats s'annonce agités. Les mobilisations du mercredi 9 mars seront déterminantes.

*Premiers signataires : Fabrice Angei, membre du bureau confédéral de la CGT,Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble !, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, Éric Beynel, porte-parole de Solidaires, Noël Daucé, secrétariat national de la FSU, Gérard Filoche, membre du BN du PS, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, William Martinet, président de l’Unef, Willy Pelletier, coordinateur général de la Fondation Copernic, Danielle Simonnet, coordinatrice nationale du PG.

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