A vous, amies lectrices et amis lecteurs, nos vœux de santé et d'espoir. Qu'ajouter à ces souhaits traditionnels tant les temps sont menaçants et l'avenir incertain. Depuis des années des signes annonciateurs de régression se sont accumulés. L'année 2015 en a vu les premières manifestations. En France, ils se nomment, déchéance de la social (et/ou libéral)-démocratie, recul des perspectives d'une transformation sociale et écologique, floutage des forces qui en sont porteuses, montée des idées d'extrême droite et du parti frontiste.
Jusqu'où tout cela va-t-il nous mener ? Question d'autant plus angoissante que le terrorisme, auquel nous nous étions habitués tant qu'il sévissait loin de notre territoire, est venue frapper le notre à son tour. Nous resterons marqués à jamais par l'horreur des attentats de janvier et des attaques sanglantes du 13 novembre. Il serait irresponsable d'exclure que cela puisse encore se reproduire. Cette barbarie a été attisée, et l'est encore, par les stratégies concurrentes de puissance et de domination économique, dont les pays occidentaux sont comptables. Mais, aujourd'hui, de part le monde, elle a pris une telle ampleur, qu'elle s'est donnée pour but de frapper partout pour pousser les États à s'en prémunir en adoptant des mesures ulta sécuritaires et en restreignant les libertés.
Ces perversions confortent les populations apeurées et meurtries à épouser la vision simpliste du bouc émissaire, du présumé étranger responsable de tous nos maux, du chômage à l'insécurité ou à la guerre. C’est ce qu'il adviendrait avec l’inscription dans notre Constitution de la déchéance de nationalité de concitoyens nés en France et de l’état d’urgence permanent. Le danger est grand qu'un tel enchaînement ne broie notre société toute entière.
Pour enrayer cet engrenage nous ne disposons pas actuellement d'un mouvement politique suffisamment puissant, car sans cette perspective, les forces syndicales et associatives, prétendraient-elles le contraire, seraient réduites à la défensive. Mais, convaincus ou pas par ce qui nous semble une évidence, nous pouvons résister ensemble en nous réclamant des « grandes valeurs » qui nous sont communes, et dont Manuel Valls se veut le fossoyeur. Elles ne sont pas seulement le socle de notre République, mais la substance même de notre raison de vivre. N'ayons pas de réticence à les nommer : Liberté, égalité, fraternité, paix, solidarité, laïcité.