Elle concerne « la réorientation stratégique » du PCF, telle qu'elle avait été décidée au 38e congrès de novembre 2018. Le PBC précise qu'elle avait été prise pour « surmonter le risque d'effacement. » du PCF. Cet effacement aurait été la conséquence de l'absence de candidatures communistes aux présidentielles de 2012 et 2017, les deux fois au profit de celles de Mélenchon. A ce risque d'effacement, il y aurait eu, conjointement, celui du « délitement de la gauche ».
La première décision fut de présenter un liste conduite par Ian Brossat aux élections européennes du 27 mai 2019. Ce fut un échec (le texte euphémise en écrivant : « nous ne parvenons pas à réaliser la percée électorale voulue »), la liste communiste faisant 2,49%. Rien d'étonnant, selon le PCB, puisque « Ayant perdu l’expérience des campagnes nationales, il faut tout réinventer avec des équipes nouvelles, tant sur le plan national que local ». De toute façon, l'essentiel n'est pas là, et le PBC d'expliquer que ce qui compte, c'est la campagne : « De fait, cette campagne suscite de l’intérêt en incarnant un renouvellement de la vie politique » et va « créer les conditions d’une candidature à la présidentielle ». Comme l'avait prétendu Igor Zamichiei, responsable national à la Vie du Parti, le 6 juin 2019 : « En somme, nous avons semé mais pas encore récolté. »
Allions-nous récolter pour la présidentielle de 2022 en présentant la candidature de Fabien Roussel ? Elle fit un score de 2,28 %. Un échec ? Non, le score est qualifié de « décevant ». Et puis, qu'à cela ne tienne, il est « inférieur au potentiel construit dans la bataille ». Comment évalue-t-on un potentiel ? Mystère. Mais,encore une fois, ce qui compte, c'est la campagne qui « aura grandement contribué à ce que le PCF prenne une place visible et originale dans le paysage politique. Loin d’un simple moment électoral, elle aura continué de nourrir notre activité et notre réflexion stratégique ». Comment expliquer que si peu de gens ainet voté pour nous ? C'est parce que « nous ne réussissons pas à conforter jusqu’au bout cette dynamique ». D'autant que, le texte le rappelle : « depuis 2007, avec la candidature de Marie-George Buffet, nous n’avions pas présenté de candidat·e communiste à cette élection qui structure la vie politique française » Mais, le texte se garde bien de préciser que cette candidature communiste avait fait un score de 1,93% .
Suite à l'échec de la candidature de F. Roussel, et au succès de la candidature Mélenchon, pourquoi dans le PCB n'avoir pas assumé franchement le maintien de la candidature communiste au second tour, décision que LFI nous a fait payer pour les législatives. Le texte préfère tourner autour du pot, au point que cela en devient incompréhensible. D'un côté :« l’alliance électorale constituée avec la NUPES répond au désir d’union du peuple de gauche, »... « contribuant à nous permettre de maintenir un groupe renforcé à l’Assemblée ». D'un autre côté : « Confrontés à la volonté hégémonique de La France insoumise, nous ne pouvons présenter de candidatures communistes dans 500 circonscriptions » Mais si telle avait été l'intention du Parti, pourquoi ne pas avoir pris le risque de refuser cet accord ? Le texte n'en dit rien, pas plus que les raisons du PCF d'accepter de passer sous les fourches caudines de LFI.
En dehors de nous, point de salut !
En regard de ce bilan flatteur pour le PCF, le texte va passer en revue les autres forces de gauche. D'évidence, il renonce à toute analyse dialectique afin sousestimer, voire de dévaloriser, leur rôle respectif.
D'abord LFI dont la pratique politique est identifié au concept général du « populisme de gauche », lequel, partout en Europe, « s’est avéré, en plus d’être inefficace à conquérir le pouvoir, impropre à combattre l’extrême droite ». En France « elle se proclame la force dirigeante de « l’union du peuple », évacuant de ce fait tous les débats d’orientation à gauche. Ayant attiré à elle l’attente de radicalité de certains secteurs de la société et de tout un pan de la jeunesse, mais ignorant la question stratégique clé de la reconquête des fractions du monde du travail qui se sont détournées de la politique, elle n’a finalement vu dans son résultat à la présidentielle que la confirmation de ses vues hégémoniques sur la gauche et le mouvement social » Le jugement est sans appel. Mais, le texte ignore des questions essentielles comme les raisons qui ont fait de LFI une force quasi hégémonique, ayant eu la faveur d'une partie de la jeunesse et de larges pans de l'électorat populaire urbain. L'analyse serait d'autant plus nécessaire que le PC, par contre, n'a pas mordu sur cet électorat, pas plus que sur l'électorat populaire abstentionniste alors qu'il avait affiché cette ambition.
Le Parti socialiste, est un peu épargné. Toujours tiraillé entre « Son incapacité à tourner définitivement la page du social-libéralisme » et son « ’intention de restaurer son image auprès des catégories populaires » Mais tout reste ouvert puisque « Un débat d’orientation est en cours en son sein »
Quant à EELV, « aujourd’hui polarisé entre plusieurs orientations » : soit « occuper l’espace de la social-démocratie en le reconfigurant autour de l’écologie », soit « rechercher des alliances pouvant l’amener à collaborer à la mise en oeuvre d’orientations néolibérales », soit « faire le choix d’une prétendue radicalité sociétale »,
Dans ce passage en revue, il y a du vrai. En effet, voilà, pour partie, l'état de la gauche non communiste et si on y ajoutait une description du PCF, autrement plus lucide que ne le fait le texte, on aurait une vision réaliste des limites actuelles du rassemblement des forces de gauche. Mais le texte ne rend pas possible ce travail d'analyse, puisque il veut prouver que ce rassemblement n'a ni existence, ni perspective. La NUPES ne serait qu'une « coalition pour les élections législatives » Une coalition conjoncturelle « Tant les désaccords stratégiques la traversant, que les différences existant entre les programmes en présence, ou encore les conceptions divergentes de l’unité entre forces de gauche ».
Conclusion : Il revient donc au Parti de « Reconquérir les milieux populaires », d'« unir et remobiliser les forces du travail et les catégories populaires ». « de construire une majorité populaire en faveur de la transformation radicale de la société. »
Le rassemblement attendra.