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Billet de blog 12 juillet 2016

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Manuel Valls le liquidateur (par Roger Hillel)

Sa stratégie est de liquider le PS, quitte à provoquer son échec en 2017. L'hypothèse est confirmée par Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université Lille-II.

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On est en droit de s'interroger sur les intentions réelles de Manel Valls déclarant urbi et orbi qu'il « assume » tout, le pire et le plus pire encore. Des politologues pensent qu'afin d'accélérer la transformation de son parti, Valls cherche délibérément à ce qu'il soit contesté et pourquoi pas battu en 2017. Mais « transformer » est-il le mot approprié ? Le PS n'en est plus à l’écartèlement traditionnel entre Jaurès et Clémenceau encore invoqué par nombre de commentateurs (cf. Serge Bonnery dans L'Indépendant du 10 juillet). Depuis 2012, sa direction lui a déjà fait franchir à plusieurs reprises le Rubicon qui l'ont fait s'échouer sur des rives libérales, au point que lui appliquer encore le terme de « gauche » n'a plus aucun sens. Les frondeurs socialistes ont beau faire, ils ne sont plus en mesure de lui redorer le blason à moins que, hypothèse bien improbable, ils ne soient capables à terme de reconstruire un parti authentiquement réformiste de gauche. Nous en saurons peut-être plus avec la primaire qu'organise le PS pour désigner son candidat à la présidentielle. De même, nous serons un peu mieux fixés sur les intentions liquidatrices de Valls. Car, désormais, il est clair que Valls ne veut pas transformer le PS mais le liquider pour créer un tout autre parti.

Les analyses de Rémi Lefebvre

Dans l'édition du 6 juillet du journal L'Humanité, Rémi Lefebvre, professeur de science politique à l’université Lille-II a parfaitement analysé sa stratégie. Selon lui : « Que la gauche soit battue en 2017 ou victorieuse, sa stratégie est celle de la liquidation du PS, obstacle à la recomposition des gauches qu’il appelle de ses vœux, pour l’après-2017 ». « Recomposition des gauches » semble une expression inadaptée tant il s'agirait, à partir d'un champ de ruines, de créer un autre parti agglomérant la partie molle des socialistes, dont tout indique qu'elle s'est sérieusement renforcée, à des pans centristes voire de la droite la plus « sociale ». Ce parti, véritable machine électorale au service des ambitions de Manuel Valls, pourrait alors attirer un électorat de substitution, disons socialo centriste. A ce point de son analyse, Rémi Lefebvre formule des hypothèses que les forces progressistes auraient intérêt à prendre en considération. « Le calcul est que la gauche de gauche, atomisée, ne profite pas de la situation. Que la droitisation de la droite, provoquée par la politique sociale-libérale, fera apparaître les sortants plus à gauche qu’aujourd’hui. Tandis que, depuis six mois, entre Nuit debout et la loi travail, l’essentiel du débat public se fait à gauche, les choses vont changer : à la rentrée, on parlera beaucoup de la droite et sa primaire. Laquelle peut être remportée par Sarkozy, auquel cas, par un effet de glissement, Hollande pense pouvoir apparaître plus à gauche, comme un élément modéré, et par défaut pour la gauche, puisqu’il postule qu’il n’y aura pas d’offre plus satisfaisante de ce côté-là. Troisième élément du calcul, sa certitude que cet électorat de gauche, il va le constituer au second tour de l’élection présidentielle, parce qu’il sera confronté à Marine Le Pen. »

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