Le texte des 168 est intitulé : « Six chantiers pour affirmer l’ambition révolutionnaire du PCF », ces six chantiers étant ainsi énumérés : « 1. La nécessité du socialisme 2. La NUPES n’est pas une non-question 3. Notre stratégie dans le cadre de l’Union européenne 4. Le rôle de la France dans l’impérialisme 5. Mettre en cohérence le texte du congrès avec la déclaration de la Havane 6. Démocratie interne : réaffirmer le rôle souverain du congrès et respecter ses mandats. »
Des communistes de mon âge, et aussi des moins vieux, se réjouissent de voir s'exprimer des adhérent.e.s de moins de 40 ans dont ils espèrent qu'ils vont prendre leur relève. Cette réaction est légitime tant le constat du peu d'engouement des jeunes pour le militantisme, a fortiori communiste, est inquiétant.
Mais, loin de tout jeunisme, il faut examiner, sans complaisance, les idées défendues par ces jeunes communistes. Je me suis limité à quelques points en suivant le plan de leur texte :
1- « Il faut maintenant sortir de la fausse opposition entre un « étapisme » séparant socialisme et communisme et l’idée d’un communisme déjà-là à étendre par des luttes », écrivent-ils. Même si ce débat est un peu daté, pourquoi ne pas y revenir ? Il faut toutefois remarquer que leur texte plaidant pour la nécessité du socialisme comme première étape avant le communisme, se réclame de Marx qui lui, parle d'« une première phase de la société communiste ». Etape ou phase, c'est toute la différence. Tout comme il ne faudrait pas confondre « l'idée d'un déjà-là d'un communisme à étendre par des lutte », selon leur expression, avec le concept du « déjà-là communiste » tel qu'il est formulé par Bernard Friot et partiellement repris dans le texte alternatif. « Les déjà-là communistes », ceux déjà conquis de haute lutte et d'autres à inventer, ne sont pas conçus dans la perspective d'une transition du capitalisme au communisme par le seul effet de leur accumulation. Par contre, non seulement tout ce qui est arraché au capitalisme contribue à son affaiblissement, mais en plus, ces « déjà – là-communiste », de par leur valeur d'exemple, ne peuvent que faciliter la crédibilité du communisme et faciliter la conquête du pouvoir d'Etat.
2- La question du rassemblement est traitée de façon strictement électoraliste et non comme le fondement d'un processus politique impliquant toutes les forces de transformation sociale - à condition de respecter leur autonomie et leur identité - et convainquant d'autres forces progressistes qu'il n'y a pas d'autre alternative que cette alliance. De ce point de vue la question telle que posée par les 168 de « la participation ou non à la Nupes , est un non sens.
3, 4 et 5 - Il est fait référence dans le texte à « La conscience de classe internationale », une expression qui était tombée depuis longtemps en désuétude. Peut-être pouvons nous en tirer profit, mais à quoi renvoie-t-elle ? La réponse est donnée dans les points 4 et 5 du texte. Là pour le coup, l'analyse date d'une autre époque. Je me croirais revenu au temps d'avant la chute du mur où nous nous fondions nos analyses sur l'existence des deux camps antagonistes, celui impérialiste dans lequel les USA était hégémonique, et celui du camp socialiste dans lequel l'URSS ne l'était pas moins. Il y aurait beaucoup trop à commenter sur cette partie du texte des 168. Je renvoie aux analyses développées dans le texte alternatif :URGENCE DE COMMUNISME. Ensemble pour des victoires populaires (page 47)
6- A propos de la « démocratie interne » On peut lire, entre autres, : « Le respect des décisions, engagements et stratégies votées par les communistes doit être irréfragable et des sanctions doivent être prévues contre les responsables qui se mettraient au ban du Parti en ne les respectant pas. » On en revient au Centralisme démocratique auquel le PCF a renoncé en 1994 lors de son 28e congrès.
Après onze congrès successifs, voilà donc des communistes de moins de 40 ans qui, avec leur texte, veulent nous faire franchir un bon en arrière de près de 40 ans.