« Je propose de remettre en route la machine à rassembler », avait écrit Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, dans une tribune libre publiée dans le Monde du 7 septembre. Il s'adressait, entre autres, aux présidentiables de gauche, adversaires avérés de Hollande et les mettait en garde : « Dispersés, sans projet ni pacte commun, nous perdrons tous ». Durant les trois jours de la fête de l'Humanité, il a répété ce message sur tous les tons. Et lorsqu'il s'est retrouvé aux côtés des leaders politiques qui avaient été invité à donner leur manière d'envisager la préparation de l'élection présidentielle, son ton était devenu plus pressant. Il y avait là, Arnaud Montebourg, Benoit Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Cécile Duflot. Ecartant d'emblée l'hypothèse qui remettrait en scène le tandem Hollande-Valls, il n'a retenu que deux hypothèses possibles. Y aller en ordre dispersé, et dans ces conditions, a-t-il prévenu, « c’est la droite et l’extrême-droite qui se partageront le pouvoir dans sept mois ». (Pour preuve, au lendemain de la fête paraissait un sondage testant huit scénarios différents, et qui donne la gauche perdante dès le premier tour dans tous les cas), ou l'hypothèse pour laquelle il plaide :« tout faire pour travailler à un scénario de convergences ».
Candidature d'unité et plate-forme commune, est-ce encore possible ?
Mais, les réponses des autres leader ont fait l'effet d'une douche froide. Arnaud de Montebourg n'était venu que pour parler de sa candidature, déclarant qu'il n'était pas « que » socialiste, mais aussi « républicain, écologiste et partisan de l’organisation du partage ». La belle affaire. Avec Benoit Hamon, on n'était pas plus avancé. Il n'était pas crédible en affirmant que François Hollande ne serait pas choisi à l'issue de la primaire socialiste. Il ne l'était pas plus lorsqu'il a proposé que toute la gauche de la gauche participe à cette primaire. Seuls les frondeurs avec lesquels il s'est retrouvé le lendemain à la Rochelle croient encore à une « grande primaire citoyenne avec toutes les forces de gauche ». Inutile de dire que Jean-Luc Mélenchon rejette cette éventualité. Il s'est présenté comme « le premier de cordée », tout à la fois « écologiste, républicain, socialiste… », et affirmé qu'il n'était pas candidat « contre les partis ». Il s'est dit vouloir « tendre la main à tout le monde », persuadé qu'il est d'avoir toutes ses chance pour figurer au second tour. D'ailleurs, il a fait ses calculs. Il a estimé disposer déjà de 4 millions de voix et pense qu’il est possible de convaincre deux millions de personnes supplémentaires. Quant à Cécile Duflot, elle ira jusqu'au bout : « Je suis candidate pour que l’écologie gagne, qu’il y ait une présidente écologiste et une majorité écologiste ».
Confrontés à ce qu'il faut bien appeler une fin de non recevoir, que vont faire les communistes ? C'est le 5 novembre, à l'occasion de leur conférence nationale, qu'ils arrêteront leur position. Le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, s'est voulu rassurant : « Je ne dis pas qu’on n’a pas le temps, je dis qu’il n’est pas trop tard ». C'est à voir.