D'un peu plus, on nous aurait fait croire que la lutte des classes avait disparu tant l'emploi de cette expression avait été proscrite par les médias consensuels. Mais, c'est peine perdue. Cette lutte existera tant que le salariat et le capital subsisteront. Et lorsque les 10 % au plus haut de l'échelle, détenteurs des pouvoirs et des fortunes, se sentent menacés, ce n'est plus la lutte mais la haine de classe qui suinte de tous leurs pores. Quant aux idéologues et politiciens qui portent à bout de bras leur système, ils n'ont rien à leur envier. On pourrait faire un glossaire des termes, relevant du registre de la guerre civile, utilisés par les Gattaz, Sarkozy et Pécresse, et ceux, un peu plus édulcorés, qu'affectionnent les Hollande,Valls, Macron et Sapin. Avec l'examen du projet de loi travail qui a démarré au Sénat et devrait durer jusqu'au 24 juin, c'est une autre version de la haine de classe qui se donne libre cours. Elle s'affiche sous forme d'une surenchère sur le texte gouvernemental annonçant le retour au patronat féodal du début du siècle dernier. Qu'on en juge : renvoyer la durée légale de référence de travail par semaine à 39h, permettre aux apprentis mineurs de travailler la nuit, introduire un référendum à l’initiative de l’employeur pour contrer le droit d’opposition des syndicats… Tout le reste à l'avenant. Le gouvernement jubile, claironnant que cette droitisation prouve que son projet, adopté grâce à l’article 49-3 à l’Assemblée, est bien un texte de gauche. Mais, les milliers de personnes qui ont rejoint, mardi 14 juin, la manifestation nationale de Paris ou qui ont défilé, le même jour dans leur ville, ne s'en sont pas laissés compter. Ils ont parfaitement compris que cette surenchère n'est rendue possible que parce que la philosophie du texte de la droite ressemble à s'y méprendre à celle qui a inspiré le texte gouvernemental.
Billet de blog 17 juin 2016
La lutte des classes revient au galop (par Roger Hillel)
. La droite sénatoriale fait de la surenchère. Les tenants du projet gouvernemental en profitent. Les opposants ne désarment pas.
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