Onze personnalités* se disant « engagées dans la vie des idées et de la culture, et, pour certains, dans l’action politique » ont lancé un appel à « une grande primaire des gauches et des écologistes ». Leur texte, publié dans le journal Libération du 11 janvier, était accompagné d'une cinquantaine de premiers signataires. Parmi eux, seuls trois d'entre eux sont ce que le texte désigne par des « professionnels de la profession politique ». Soit, un ancien Vert, Daniel Cohn Bendit, un toujours Vert proche du premier, Yannick Jadot et une députée socialiste Barbara Romagnan. Tous trois ont rompu, avec plus ou moins de fracas, avec le président de la République en exercice. Curieusement, aucune autre personnalité politique en désaccord avec la politique menée par le trio Hollande-Valls-Macron ne figure en tête de gondole. Les a-t-on sollicitées? Ont-elles refusées ? Peut-être que les milliers de signataires qui ont afflué dès la parution de l'appel (20 750 à la date du 13 janvier) ont considéré que l'important était ce texte dit clairement son fait au pouvoir socialiste actuel : « Le projet de déchéance de la nationalité est injustifiable, et l’instrumentalisation de la Constitution à des fins tacticiennes constitue une rupture démocratique majeure ». Ou encore : « aujourd’hui comme hier, les gouvernements s’arc-boutent sur des modèles destructeurs, plutôt que de lutter contre les inégalités sociales, les discriminations, la dégradation de l’environnement et l’affaissement de la démocratie. » Au surplus, l'appel plaide pour la désignation d'un candidat commun qui « incarnerait » un projet qui mettrait « des choix et des alternatives claires sur les enjeux majeurs que sont les inégalités, la crise écologique, l’éducation, les discriminations, la réforme des institutions, les libertés, la justice, la sécurité, la fiscalité, les territoires, l’Europe, la mondialisation… ».
Un appel qui pose de vraies questions
Cet appel, serait-il suspecté d'arrières pensées, mais cela reste à prouver, pause de vrais questions auxquelles personne, pour le moment, n'est en capacité d'apporter des réponses. A l'occasion de ses vœux, Pierre Laurent en a donné une formulation qui n'est pas si éloignée que cela de celle de l'Appel. « Ce qu’il faut au pays en 2017, a-t-il dit, c’est un candidat de gauche au service du peuple, un candidat porteur d’un projet de gauche pour la France, sur les valeurs de la gauche, qui rompe avec les errements du pouvoir actuel. Et cette candidature c’est maintenant qu’il faut s’engager à la construire. » Si, en l'état, il ne s'est pas rallié à l'idée d'organiser une primaire, il n'a pas, pour autant, répondu par une fin de non recevoir : « On me dit primaire. Ce n’est pas ma culture, mais je dis: discutons, échangeons, construisons ensemble ».
Les initiateurs de l'appel annoncent la publication d'ici peu « d'un premier ensemble de contributions qui ouvriront la discussion sur des thèmes clés pour l’avenir de la France et de l’Europe » et « également les modalités possibles d’organisation de la primaire des gauches et des écologistes ainsi que des rencontres dans plusieurs villes de France, chacune consacrée à un grand dossier». Nous pourrons alors avoir une idée plus précise de leurs intentions.
* Julia Cagé, Dany Cohn-Bendit, Mariette Darrigrand, Marie Desplechin, Guillaume Duval, Romain Goupil, Yannick Jadot, Hervé Le Bras, Dominique Méda, Thomas Piketty et Michel Wieviorka..