« Les professionnels du désordre doivent comprendre que nous sommes dans un Etat d'ordre » (E. Macron, jeudi 12 avril sur TF1). La méthode est archiconnue. Le pouvoir, confronté à des contestations, tente d'en isoler leurs auteurs en les traitant d'agitateurs. Aussi n'est-il pas surprenant que, face à cette violence d'Etat symbolique et/ou réelle, le mouvement se cabre et génère des poussées de colère, surtout lorsqu'il s'agit de la jeunesse. Mais cela suffira-t-il à isoler les plus engagés, à les discréditer face à l'opinion publique ? Rien n'est moins sûr, tant la tourmente sociale est générale.
La violence d'Etat contre les occupant.e.s de NDDL
Ce qu'il s'est passé sur le site de Notre-Dame-des-Landes a atteint des sommets. 2500 gendarmes mobilisés pour expulser de l'ordre de 250 occupants qui ont le tord de vouloir rester sur place en revendiquant, sur environ 300 hectares sur les 1650 que compte le site, de nouvelles façons de faire en milieu rural autour de l’agriculture collective en y associant de nombreuses autres activités. A la veille des violentes opérations d'expulsion, ils étaient en train d'étudier avec des juristes les formes juridiques de leurs futures activités : SCA, SCIC, fonds de dotation. Effectivement, ils refusaient d'obtempérer aux ordres de ne pouvoir poursuivre leurs activités qu'à condition de présenter des demandes individuelles. Il fallait qu'ils acceptent un tri sélectif effectué par les autorités préfectorales. Le sens du message est clair : faire plier, individualiser, sélectionner et trier.
La violence d'Etat contre les étudiant.e.s
Sélectionner et trier, n'est-ce pas qui fonde aussi le système que veut instaurer le gouvernement à l'entrée à l'université, sous prétexte de ne plus avoir à recourir au tirage au sort de la rentrée précédente ? Les étudiants ont mis du temps pour en percevoir la nocivité. Mais, progressivement, ils ont réalisé qu'il visait à instaurer la concurrence entre les lycéens, d’une part, et entre les universités, d'autre part. Les plus conscients ont fini par comprendre que le gouvernement, en introduisant des formes brutales de sélection, tentait de faire prévaloir sa conception élitiste de la formation de la jeunesse. Du coup, de plus en plus d'étudiants se sont rebiffés. Des universités sont occupés, comme à Toulouse, Montpellier, Rennes-II, Paris-VIII, Onze autres sites sont perturbés ou bloqués. Les forces de l'ordre sont intervenus à Bordeaux, Strasbourg, Tolbiac, Nanterre et la Sorbonne. Selon la même méthode qu'à NDDL, le pouvoir utilise les incidents provoqués par des groupuscules fascistes pour traiter les étudiants les plus investis de minorités d'agitateurs d'extrême gauche. Mais la contestation bien réelle qui a émergé dans les universités n'a pas dit son dernier mot.