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Billet de blog 23 janvier 2017

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On ne peut pas biaiser avec le capital (par R.H.)

Revenu universel. Cette proposition n'est pas recevable. Sa contestation ne saurait se réduire à d'étroites considérations. Un peu de théorie n'est pas inutile.

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Le principe du revenu universel est on ne peut plus contestable. Mais, serait-il disqualifié sous prétexte que des tenants de l'ultra libéralisme le galvaude sous l'appellation « revenu de base », ou parce que d'autres le présentent comme le nec plus ultra de la modernité ? S'en tenir là, serait faire peu de cas des solides arguments déclinés sous diverses formes pour en promouvoir l'idée. Par exemple, le revenu universel serait la seule façon de lutter contre les fléaux de notre société que sont pauvreté, chômage et précarité. Ou encore, ce serait la seule réponse aux effets de la révolution numérique et de la robotisation-automatisation qui se traduisent par une rétractation du marché du travail. Mais ces arguments ne reviennent-ils pas à prendre acte d'une société nécrosée, en renonçant à en éradiquer les causes? Car enfin, tous ces maux sont surmontables à condition de mettre en œuvre la large panoplie des mesures que l'on retrouve, à peu de choses près, aussi bien dans le programme du PCF que dans celui de Jean-Luc Mélenchon. Pour faire court : 32 heures hebdomadaires de travail sans perte de salaire, retraite à 60 ans et moins, revalorisation conséquente des salaires, minima sociaux et retraites, sécurisation de l'emploi et de la formation, services publics nouveaux et étendus, sécurité sociale généralisée... Certes, ces mesures, et bien d'autres encore, heurtent frontalement les politiques libérales. Mais, seraient-elles plus utopiques ou moins réalistes que le revenu universel ? Leur coût lui serait-il supérieur ? En outre, elles permettent de répondre au besoin impératif de consacrer du temps à des activités non rémunérées telles que bénévolat, militantisme, pratiques ludiques, culturelles et sportives… autant de choses qui relèvent de la conception d'une société humaine et solidaire, tout le contraire de la société capitaliste. A ce propos, selon un autre argument, le revenu universel permettrait de libérer l'individu de son asservissement au capital. Pure illusion. Le salariat, consubstantiel au capital, reste fondé sur la vente de la force de travail du travailleur aux détenteurs des moyens de production, de communication et d'information. Mettre fin à cette aliénation fondatrice nécessitera bien autre chose que le revenu universel. Biaiser avec le capital ne peut conduire qu'à des déconvenues.

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