Recevant vendredi dernier les représentants des partis, le président de la République leur a annoncés qu'il s'apprêtait à soumettre au vote du Parlement une nouvelle prolongation de 3 mois de l'état d'urgence, soit jusqu'au 26 mai. Dès la sortie de la délégation du PCF composée d’Éliane Assassi, André Chassaigne et Pierre Laurent, ce dernier avait répercuté cette information, qui n'aura été confirmée qu'en fin de journée par un communiqué de l'Elysée : « Le président de la République a annoncé que, face à la menace terroriste, le gouvernement présenterait au Conseil des ministres du 3 février un projet de loi prolongeant l’état d’urgence pour une durée de trois mois ». Peu avant, Pierre Laurent avait vivement réagi en marquant son « opposition globale » à des dispositions « inutiles et dangereuses », aussi bien cette prolongation que la révision de la Constitution pour y inscrire, d'une part, l’état d’urgence permanent et la réforme de la procédure pénale qui l’accompagne, et d'autre part, des clauses de déchéance de la nationalité. Au même diapason, Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, avait déclaré à sa sortie de l’Élysée : « Nous ne remettons pas en cause le risque d'attaques répétées en France mais nous pensons que nous pouvons y répondre par les procédures de droit commun. »
Samedi 30 janvier, journée nationale contre l'état d'urgence
Les deux dirigeants ont assuré que leurs parlementaires respectifs ne voteraient pas cette nouvelle prolongation. Voilà une décision qui ne va pas manquer de dissiper les malentendus provoqués, il y a moins de 3 mois, par leur vote favorable, du moins par la plupart d'entre eux, de la première prolongation de l'état d'urgence. Il faut dire que durant cette période les procédures administratives et policières ont entraîné un tel nombre de bavures et de dommages collatéraux que les élus progressistes se sont rendus à l'évidence de l'inanité des mesures prises. Du coup, les opposants de la première heure à l'état d'urgence, soit plus de cent organisations, vont bénéficier du renfort de forces politiques qu'ils avaient écartées, dans un premier temps, de leur campagne d'action. Dans ces conditions, on peut espérer que la journée nationale contre l'état d'urgence à laquelle ils ont appelée pour le samedi 30 janvier rassemble beaucoup de monde. D'autant que d'importantes institutions indépendantes viennent de prendre leur distance à l'égard de l'état d'urgence, ainsi du Défenseur des droits, Jacques Toubon, voire en ont demandé la levée immédiate, comme la Commission nationale consultative des droits de l’homme et le Haut-Commissariat pour les droits de l’homme de l'ONU.