La stèle OAS du cimetière nord de Perpignan glorifiant des tueurs de l'OAS ne suffisait pas, il fallait encore que les noms du putschiste Hélie de Saint Marc et du chef OAS Pierre Sergent soient donnés à des rues de Perpignan. C'est ce que vient de confirmer Jean-Marc Pujol à l'occasion d'une récente séance du conseil municipal. Décidément il veut faire de cette ville un sanctuaire de l'Algérie française. De ce pont de vue, le parcours de Pierre Sergent est éloquent. C'est comme capitaine de l'armée française qu'entre 52 et 53 il tue du « Viet » en Indochine, puis du « fellagha » en Algérie à partir de 1954. Partisan à tout crin de l'Algérie française, il participe en juin 1961 au putsch d'Alger. A cet occasion, il se lie à un autre putschiste, le commandant Saint-Marc. Suite à l'échec de cette rébellion, il déserte, entre dans la clandestinité et se joint au lieutenant Degueldre et au colonel Godard pour créer l'Organisation de l'armée secrète (OAS) et devient le chef de sa branche métropolitaine. Tous ces personnages ont tué ou ordonné des crimes au nom du maintien de la présence française en Algérie. Degueldre, dont le nom est gravé sur la stèle OAS de Perpignan, était le meneur des commandos Delta qui assassinèrent des Algériens et des Français. Il a été fusillé le 7 juin 1962 sur ordre d'un tribunal militaire. Pierre Sergent est du même acabit. On lui doit de multiples attentats en France, en particulier contre des permanences du parti communiste. Fin 1962, recherché par la police, il se terre en Belgique puis en Suisse. Condamné à mort par contumace en février 1962, il bénéficie d'une loi d'amnistie votée en 1968 et regagne la France la même année. Voilà celui dont Jean-Marc Pujol entend attribuer le nom à une rue de Perpignan.
Pujol/Ménard, Sergent/Saint-Marc
Une deuxième rue porterait le nom de Hélie de Saint-Marc, un factieuxglorifié en mars 2015 par le maire de Béziers. La proximité idéologique Pujol-Ménard, Saint-Marc-Sergent n'est pas fortuite. Saint-Marc a été un protagoniste du putsch des généraux ce qui lui a valu une condamnation à dix ans de réclusion criminelle. Après avoir accompli la moitié de sa peine, il a été libéré puis gracié. Même s'il n'a pas été un des instigateurs de l'OAS, son rôle clef au sein de la mouvance la plus extrémiste de l'Algérie française a été démontré. Le maire de Perpignan qualifie les gens de son espèce de « combattants pour une cause juste » ou encore de « vrais patriotes », des expressions que Marine Le Pen affectionne tant. Au point qu'on est en droit de se demander si cette opération publicitaire de dénomination de rues confirmée entre les deux tours de la présidentielle par le maire de Perpignan, ne serait pas uneincitation à voter pour la candidate du Front national.