Le camp des migrants de Calais n'est plus. Il a été vidé de ses occupants, sans incidents notables mais non sans problèmes. Il s'était constitué en 2002 sur un site d'une dizaine d'hectares à la suite du démantèlement du camp de Sangatte. Sa population était passée en moins de 15 ans de 1000 à 6400 personnes selon la préfecture, 8400 selon les associations, dont près de 1500 mineurs isolés. Il traduisait l’échec de la politique européenne d’accueil – ici, en l’occurrence, française et britannique – de ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant la guerre, la misère ou l’oppression. Les occupants, abandonnés des pouvoirs publics, y survivaient dans des conditions indignes. Ce n'est que grâce au travail admirable de plusieurs associations et de très nombreux bénévoles, qu'un peu d'humanité y était maintenue.
5600 migrants dans les CAO, plusieurs centaines dans la clandestinité
L'évacuation du camp a été précédée par la mise en place d'un important dispositif de mise à l'abri temporaire de ses occupants. 7585 places ont été prévues dans 457 centres d'accueil et d'orientation (CAO) répartis sur toute la France, dont 167 mis en place entre octobre 2015 et septembre 2016. Dans notre département(les Pyrénées-Orientales), 3 CAO ont été créés en février* et un quatrième en octobre, dans le centre de vacances CCAS-EDF de Sainte-Marie. Il devait accueillir 86 migrants, mais ils ne sont jamais arrivés, preuve que tous les occupants du camp ne se sont pas portés volontaires pour être conduits dans des CAO, en particulier ceux les plus éloignés de Calais. Il est probable que des centaines d'entre eux ont préféré le retour à la clandestinité dans l'espoir de rejoindre la Grande-Bretagne. Il reste que la majorité, 5600 selon les chiffres officiels, ont accepté d'être hébergés temporairement dans des CAO, où ils devraient demeurer au moins un mois, le temps de vérifier s'ils ont le droit de déposer une demande d'asile pour la France. Dans ce cas, ils se verront attribuer un logement dans un centre pour demandeurs d'asile. Dès lors, ils partageront le sort incertain des autres étrangers qui sont venus chercher refuge en France.
Le sort des mineurs isolés
Un autre sujet d'inquiétude concerne le sort des mineurs isolés qui ont vocation à se rapprocher des membres de leurs familles qui ont réussi à rejoindre le Royaume Uni. Avant le démantèlement du camp, seulement 274 d'entre eux y avaient été transférés. Il en reste près de 1500. Beaucoup d'entre eux risquent d'être refoulés et dispersés, comme les majeurs, partout en France, dans des centres ouverts dans l’urgence, en dehors du dispositif prévu par les textes. Tout est loin d'être réglé.
* Sur ces 3 CAO dont la gestion a été confiée par la préfecture à l'ACAL (Association catalane d'actions et de liaisons), celui de Campôme (18 personnes) a fermé au bout de 3 mois (voir le TC n° 3664). Les deux autres, Vernet-les-Bains (25 personnes) et Saint-Paul-de-Fenouillet (21 personnes) fonctionnent encore.