Pas de résolution à l’Assemblée Nationale sur le crime d’Etat du 17 octobre 1961
Le groupe Europe-Ecologie-Les Verts a déposé en mars 2023 une proposition de résolution pour la reconnaissance du massacre des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris. Portée par la députée Sabrina Sebaihi, elle invitait à la reconnaissance par la République de sa responsabilité dans ce crime, à une commémoration officielle régulière et l’édification d’un lieu de mémoire, ainsi qu’à l’ouverture des archives à tous les citoyens. Le 5 avril, le groupe EELV a décidé son retrait, certains députés ayant jugé inopportun son examen « au vu du contexte actuel ». Nous publions la résolution retirée en regrettant vivement qu’après le vote par le Sénat le 23 octobre 2012 d’une résolution comparable, l’Assemblée nationale n’en ait pas été saisie. C’est une grave erreur de négliger le travail à faire sur le passé colonial de la France et son héritage, indispensable notamment pour contrer l’essor de l’extrême droite. Toutes les forces politiques, morales et intellectuelles de la société française, ont une responsabilité à cet égard.
Une journée d’études à Marseille sur les crimes racistes de 1973
Il y a cinquante ans, se produisait une vague de crimes racistes à Marseille et dans sa région. Le 28 avril 2023, l’IMéRA-Institut d’études avancées, en collaboration avec l’association Ancrages, organise sur l’histoire et la mémoire de ce moment clé de l’histoire de l’immigration postcoloniale en France une journée d’études au Musée d’histoire de Marseille. Elle rassemblera des chercheurs et chercheuses en sciences humaines - Jim House et Yvan Gastaut, historiens, Rachida Brahim, sociologue et psychanalyste, et l’écrivaine Dominique Manotti. Nous en publions le programme et renvoyons à plusieurs dossiers concernant ces événements sur notre site.
Découverte du cimetière « sauvage » d’un camp de harkis en France
Vérité et justice pour ces victimes du colonialisme et du postcolonialisme
En août 2022, un reportage de Prisca Borrel dans Mediapart racontait la recherche à proximité du camp de Saint-Maurice-L’Ardoise (Gard), où furent internés en 1962 d’anciens harkis et leurs familles dans des conditions très dures, d’un cimetière « sauvage » créé par l’administration du camp et « oublié » depuis. 71 personnes, dont 61 enfants, y furent inhumées à la sauvette entre 1962 et 1964, selon une archive de la gendarmerie datant de 1979, découverte par Nadia Ghouafria. A la mi-mars 2023 le lieu a enfin été fouillé, grâce au combat de descendants de harkis, comme le raconte France 3 Occitanie. 27 lieux d’inhumation et des ossements d’enfants y ont été trouvés. Ci-dessous la vidéo de l’AFP montrant ces fouilles réalisées par un archéologue de l’Institut national d’archéologie préventive (INRAP). Et aussi la lettre adressée aux membres de la commission d’historiens franco-algérienne par l’association Enfants de harkis, Vérité, Justice et Réconciliation.
Le journal The Guardian s’excuse pour son passé esclavagiste
Dans la foulée du mouvement Black Lives Matter, des initiatives nombreuses de reconnaissance du passé esclavagiste et de réparations se produisent au Royaume-Uni. Après Edimbourg, Glasgow, Bristol, la Banque d’Angleterre, l’Université de Cambridge, ce sont l’Eglise d’Angleterre en janvier 2023 et le journal britannique de centre gauche The Guardian en avril 2023 qui ont « présenté des excuses », lancé des enquêtes et mis en œuvre un programme de « réparations ». The Guardian, né à Manchester, à publié un volumineux hors-série en ligne intitulé Cotton Capital (« la capitale du coton ») et destiné notamment à rompre avec « l’amnésie » qui prévaut encore sur le rôle de l’esclavagisme dans l’essor industriel de Manchester. Un mouvement d’ampleur dont la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME) a souhaité sur Twitter qu’il fasse école en France.
Aux origines latino-américaines de la pensée décoloniale, par Philippe Colin et Lissel Quiroz
Dans Pensées décoloniales, une introduction aux théories critiques d’Amérique Latine (La Découverte, mars 2023), Philippe Colin et Lissel Quiroz, spécialistes de l’histoire de l’Amérique Latine, remontent aux origines latino-américaines d’une théorie décoloniale qui est l’objet en France de débats et polémiques trop souvent mal informés. Cette première synthèse en français offre, selon l’éditeur, « une généalogie et une cartographie d’un continent de pensée méconnu en Europe ». Lissel Quiroz a été interrogée dans l’émission de Mediapart « Présence du passé », qu’on peut voir également ci-dessous, sur « la colonialité du pouvoir, du savoir et du genre, qui forge notre planète depuis 1492 ».
Le déni des crimes de l’OAS comme de ceux du fondateur du Front national doit être refusé et combattu
La France ne pourra assumer son passé colonial que lorsque les crimes commis par des militaires français dans la guerre d’Algérie, comme ceux perpétrés par l’organisation jusqu’au-boutiste de la colonisation qu’a été l’OAS, ne feront plus l’objet de dénis, comme c’est encore trop souvent le cas. On lira ainsi ci-après une tribune sur la tentative de réhabilitation de l’OAS de la part de la municipalité Rassemblement national de Perpignan à travers la figure de Pierre Sergent. Et, à l’inverse, l’hommage justifié rendu le 15 mars 2023 aux six inspecteurs des Centres sociaux assassinés froidement par l’OAS auquel nous nous réjouissons que Benjamin Stora a participé. C’est l’occasion de rappeler que les propos inexacts tenus dans un podcast de France inter concernant la participation de Jean-Marie Le Pen à la torture lors de la « bataille d’Alger » doivent faire l’objet de la part de cette chaîne d’un rectificatif clair.
« Marseille, la Provence et l’Indochine », par Alain Ruscio
L’historien Alain Ruscio, spécialiste de l’Indochine, a publié en janvier 2023 aux éditions Les Indes Savantes, Marseille, la Provence et l’Indochine. Une histoire humaine au temps des colonies. Il y explore les liens multiples, tissés depuis les conquêtes jusqu’aux indépendances, entre Marseille et sa région et les anciennes colonies françaises d’Indochine, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin, au travers d’une histoire des Provençaux qui ont fait leur vie ou leur carrière en Indochine, mais aussi de celle des Indochinois qui ont fait un passage en Provence et dont les traces sont parfois encore visibles. On lira ici la préface de ce livre par Nguyen Phuong Ngoc et la table des matières.
Décès de Monique Hervo, cette Française qui a manifesté avec les Algériens
du bidonville de Nanterre le 17 octobre 1961
Partisane de l’indépendance de l’Algérie, Monique Hervo s’est engagée dès 1959 auprès des Algériens des bidonvilles de Nanterre et a participé avec eux à la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 contre laquelle la répression policière a fait plus de 200 morts. Elle a témoigné dans des livres de la violence coloniale qui l’avait précédée contre les bidonvilles de Nanterre. En 1972, elle a fait partie des fondateurs du Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti), et, à partir de 1973, a travaillé à la Cimade. Comme le souligne l’historienne Muriel Cohen, sa mort à Nanterre le 20 mars 2023 à l’âge de 95 ans n’a donné lieu à aucune annonce officielle de la part d’un gouvernement français qui n’a toujours pas réglé sa position à l’égard de la guerre d’indépendance algérienne et de la violence de la colonisation.
Les images de la soirée d’hommage à Sadek Hadjerès à l’Ecole normale supérieure de Paris
Ci-dessous les images de la soirée d’hommage au militant algérien Sadek Hadjerès qui s’est tenue le 28 février 2023 à l’Ecole normale supérieure à Paris. Organisée par le Maghreb des films, l’Association Josette et Maurice Audin, l’association Histoire coloniale et postcoloniale et Virtuel, avec le soutien du département Arts de l’ENS, de La contemporaine et des Cahiers d’histoire. Né en Kabylie en 1928, Hadjerès s’est engagé dès l’âge de 17 ans pour l’indépendance au sein du Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (PPA-MTLD), puis, au début des années 1950, dans la lutte armée mise en œuvre par le Parti communiste algérien (PCA). Après 1962, il a combattu contre les dérives antidémocratiques du pouvoir militaire en Algérie, été contraint à la clandestinité de 1965 à 1988, puis à l’exil dans les années 1990.