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Billet de blog 30 juin 2019

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LA CONTRE-RÉVOLUTION !

L'arrestation du Commandant Si Lakhdar Bouregâa fait partie d'une contre-révolution menée par la chefferie du commandement militaire.

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TRÈS MAUVAIS est le pas qui vient d'être franchi par le régime dans sa guerre contre la Révolution du Sourire. En effet, des éléments des services de sécurité ont arrêté le Moudjahid Si Lakhdar Bouregâa, 86 ans et ancien chef militaire de la wilaya IV historique, chez lui à Alger.  Cette arrestation a eu lieu  à quelques jours seulement de la célébration du 57e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le jour même rappelant l'assassinat du Président Mohamed Boudiaf, perpétré à Annaba le 29 juin 1992, alors qu'il s'adressait au peuple algérien via la télévision publique. 

L'information a été donnée par l'intellectuel algérien et militant politique, Fodil Boumala, sur son mur Facebook. Selon ce dernier, le Commandant Si Lakhdar Bouregâa a été arrêté chez lui, à 14h00, par deux agents des services de sécurité. Ces derniers l'ont emmené à bord d'un véhicule utilitaire de marque Renault Kangoo. M. Boumala précise que trois heures après son arrestation, Si Lakhdar a pu contacter sa famille par téléphone. Il les a informés qu'il se trouvait dans un centre des services de sécurité. Pour autant, il n'a pu leur indiquer ni le lieu de sa détention, ni les motifs de son arrestation et, encore moins, le service de sécurité qui en est responsable. 

Pour sa part, le commandement de la brigade de la gendarmerie nationale de Bab Jdid, a nié toute responsabilité dans l’arrestation de  Si Lakhdar. 

Où se trouve Si Lakhdar ? Pourquoi, lui ? Pour quel motif a-t-il été arrêté ? Qui est derrière cette arrestation  ?  Pourquoi n'a-t-on pas respecté la procédure judiciaire à son encontre ? 

Ce triste épisode a, au moins, le mérite de montrer que la nature du régime qui a confisqué au peuple son droit d'exercer sa souveraineté depuis l'indépendance, ce même régime qui porte l'entière responsabilité de l'assassinat du Président Boudiaf, n'a pas bougé d'un iota ! Pire encore, ce régime né d'une conspiration contre la Révolution de Novembre mène actuellement une guerre contre la Révolution du Sourire. 

Le feuilleton des arrestations des anciens décideurs de l'Etat-DRS ne change rien à l'affaire : la police politique est au cœur du régime. Elle est sa moelle épinière. Elle tend des pièges, monte des scénarios contre-révolutionnaires, lâche ses trolls et ses pitbulls contre tout ce qui fait la pluralité identitaire et la diversité culturelle de l'Algérien, charge son personnel politique à obsolescence programmée et ses militants offshore des sales besognes de division du peuple et de détournement de toute initiative visant la consécration  historique de la primauté du politique sur le militaire. 

En procédant à l'arrestation arbitraire du Commandant Si Lakhdar Bouregâa, le régime envoie plusieurs messages. En ce sens, le choix de la date du 29 juin n'est pas fortuit.  En effet, ce choix vise à rappeler que le régime qui a été capable de montrer à l'écran l'assassinat du Président Boudiaf  bénéficie toujours de l'impunité et des capacités de corruption des chancelleries étrangères qui lui permettent de faire basculer le pays dans la violence. Ainsi, cherche-t-il à frapper la société de stupeur en montrant qu'il peut atteindre la cible qu'il veut, frapper quand il veut et là où il veut. quitte à aller chercher chez elles les voix discordantes, fussent-elles celles - authentiques !- de la révolution de Novembre. 

Révolutionnaire jusqu'au bout de l'âme, le Commandant Si Lakhdar Bouregâa est un militant politique qui dérange. Il est vrai. Sa place a toujours été parmi les sans voix. Lui, l'homme libre, connait les joies profondes du peuple. L'Algérie, c'est son être. 

Dans un entretien accordé au journal El Watan du 25 février 2019, trois jours seulement après la première manifestation d'envergure nationale de l'insurrection citoyenne et pacifique, il a déclaré " que ce mouvement émane du peuple, sans tutorat, sans manipulation, et ce qui est encore extraordinaire, sans leader ni guide ! Le message que j’ai compris me renvoie à un vieil adage : «Arrêtez le mal avant qu’il n’existe, calmez les esprits avant qu’ils n’éclatent.» J’ai observé que les esprits étaient calmes, mais les citoyens en ont ras-le-bol. Le fait que plusieurs citoyens sont sortis dans plusieurs régions du pays est un signe fort." Qu'en est-il au juste ? Pour Si Lakhdar " Il s’avère donc qu’il n’y a pas de mauvais citoyens, mais de mauvais dirigeants...On voit que le peuple qui va vers son destin n’est actionné par qui que ce soit." 

Quant à "la légitimité constitutionnelle", évoquée sans cesse par le chef de l'Etat-major, quelques mots de Si Lakhdar suffisent pour la battre en brèche : " Je pense que c’est la seule mafia au monde qui a une Constitution interchangeable en fonction des humeurs et des appétits, et qui est reconnue par les instances internationales."

TENTATIVE DE DÉTOURNEMENT 

Conduit par la chefferie du commandement militaire, le régime se sent assiégé par le peuple. Affolé, il multiplie les stratagèmes dans le double objectif de diviser le peuple et de briser le caractère pacifique de sa révolution. Aussi, il n'hésite pas à diaboliser, à briser et à détourner toute initiative émanant de la société. Pour ses décideurs, tout ce qu'ils ne contrôlent pas est contre eux. 

"Le pacte politique" signé, récemment,  par des partis politiques, des organisations, des syndicats, des associations et des personnalités nationales a eu pour effet de provoquer une réaction violente du régime. Lors des manifestations de vendredi dernier, le siège du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), sis rue Didouche Mourad à Alger, a été envahi par la police. Des militants et des cadres de ce parti ont été arrêtés.  

Pour sa part, le Front des Forces Socialistes (FFS) subit une offensive menée par ses relais internes de la chefferie du commandement militaire, dans le but de l'empêcher d’œuvrer au rassemblement des forces politiques du changement démocratiques dans le pays. 

Par ailleurs, l'initiative de la Conférence nationale lancée par des organisations de la société civile fait face à une tentative de détournement qui ne dit pas son nom. Prévue pour le 6 juillet prochain, cette conférence qui, dans sa présentation par la très officielle Agence Algérie Presse (APS), retrouve le caractère "inclusif" égaré de l'initiative proposée par Said Bouteflika, avant l’éviction de son frère par son ancien protégé et homme fort du régime en ce moment, est en réalité un piège ! 

Elle vise à instaurer une sorte de zone grise pour rendre invisible la mise en place de la feuille de route de la chefferie du commandement militaire. In fine, elle tente de faire aboutir le projet de la tenue d'un simulacre d'élection "présidentielle". 

Cette conférence n'a nullement l'ambition d'ouvrir à l'Algérie des perspectives de sortie de son impasse historique. Elle n'a pas pour vocation d'agir sur la crise algérienne. Elle n'est faite que pour permettre au régime de s'accorder un sursis qui, cette fois-ci, risque fort de coûter à Algérie son unité et l’intégrité de son territoire.     

Lucide, le Commandant Si Lakhdar Bouregâa a mis en garde l'ensemble des consciences politiques, intellectuelles et sociales du pays contre le danger de ce piège : "Le pouvoir a un plan. Il a déjà le nom du futur président et cherche un moyen de le légitimer. Ils ont le nom du président et on ne peut participer à une comédie politique dont l’issue est connue d’avance." 

Cette mise en garde lui aurait-elle valu son arrestation ? Les jours à venir nous le diront... 

Hacène LOUCIF. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.