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Billet de blog 2 mai 2012

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Démarcation gauche-droite: lâche-toi et pleure!

La question de la criminalité illustre donc la ligne de démarcation entre gauche et droite. La différence idéologique, revendiquée ouvertement, est bien la suivante: plus de prévention à gauche, des sanctions plus lourdes et mieux appliquées à droite.

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La question de la criminalité illustre donc la ligne de démarcation entre gauche et droite. La différence idéologique, revendiquée ouvertement, est bien la suivante: plus de prévention à gauche, des sanctions plus lourdes et mieux appliquées à droite.

Dans mon précédent billet je supposais que l’on pouvait faire une synthèse des deux visions. Mais ce n’est pas si simple. Au-delà de la différence idéologique il y a autre chose. L’option de droite présuppose que la famille joue son rôle éducatif et encadre les enfants en leur apprenant le respect d’autrui et la gestion de soi, matérielle et morale. L’Etat n’a pas à s’immiscer dans la vie privée des familles qui sont un pilier essentiel de l’organisation sociale et morale de la société.

L’Etat étant l’émanation des individus il ne remplace pas la famille. Il a pour fonction non pas d’éduquer mais de poser les limites qui permettent le vivre ensemble, et de les faire respecter ou de sanctionner les manquements.

La gauche tend à donner à l’Etat un substitut du rôle d’éducateur. Ce mot est d’ailleurs devenu un métier. Si la prévention c’est mettre plus de policiers de proximité, c’est de l’éducation. Et l’éducation par la police est forcément ambiguë parce que toute police détient un pouvoir coercitif. Ce pouvoir est d’ailleurs son rôle premier. La police est là d’abord pour rappeler les limites et pour contraindre à s’y tenir. Elle est le miroir de notre difficulté à nous gérer uniquement par la conscience: il nous faut des murs pour nous cadrer. La police est un mur.

La prévention comme la sanction coûtent cher. La sanction suppose un système judiciaire complexe, un système carcéral, et une police. La prévention demande des éducateurs sur le terrain, des sociologues et psychologues, des relais scolaires, et des investissements économiques puisque la criminalité est, dit-on, aggravée par la pauvreté. Ce qui peut se concevoir, à défaut de se comprendre.

Traditionnellement la gauche se veut morale, comme nous le rappelle François Hollande qui fait campagne entre autres sur la moralisation de la vie politique. Mais la voie morale ne semble pas à même de réduire la criminalité. Il faut donc non seulement éduquer, mais investir pour diminuer la pauvreté. Mais qui investit? L’Etat quand il commande de grands travaux. Sinon, le privé: petits commerces, grands groupes, tout le monde contribue à l’investissement. La gauche morale, en délicatesse avec l’argent, doit pourtant faire une politique de droite et soutenir l’économie et l’investissement, diminuer les charges des entreprises, pour diminuer la pauvreté et donc la criminalité.


En réalité gauche ou droite sont amenés à faire presque la même politique. La gauche ne peut se passer du système de sanction et doit reconnaître que la présence policière a un effet préventif. La droite doit reconnaître le déficit familial dans l’éducation et y pallier temporairement.

La société actuelle semble prise dans un paradoxe difficilement surmontable sans un parti-pris idéologique clair et tranché. D’un côté chacun veut vivre en sécurité et en paix, ce qui est normal. De gauche ou de droite toute personne remercie la police si elle la protège en cas d’agression, et la justice quand elle sanctionne le crime. Personne ne peut prétendre se passer d’une police et d’une justice sans mettre en cause les fondements mêmes de la société et sans déstructurer toute l’organisation sociale. Les humains ne sont pas prêts à se gouverner eux-mêmes. Du moins pas sans éducation solide et sans suivre une voie intérieure. Les cris et invectives de la société actuelle ne permettent pas de penser que l'autogouvernance est proche.

Mais en même temps on reproche la limitation des libertés, on se moque des héros, du civisme, on veut comprendre les criminels, on brade l’autorité. Les valeurs morales traditionnelles de la droite sont moquées ou dénigrées par la gauche au nom d’une autre moral, maternante et autoritaire. Autoritaire, parce qu’après avoir laissé l’enfant être roi, il faut développer plus d’Etat pour lui interdire de devenir un monstre.

Mais avec plus d’Etat, celui-ci n’est plus l’émanation des citoyens: il devient une classe à part entière qui s’oppose au peuple et s’impose à lui.

La différence entre la gauche et la droite n’est pas si grande. Elle n’est pas tant dans l’application d’une politique plus sociale ou plus libérale, car l’un ne va pas sans l’autre, que dans une attitude éducative fondamentale. Très schématiquement la droite dit: «Serre les dents et bats-toi!» et la gauche dit: «Lâche-toi et pleure!» Sous-entendu: d’un côté la société repose sur sa propre action, de l’autre on se plaint. Le soin, donc la plainte, font partie de l’idéologie de gauche. C’est un peu l’idée en filigrane du projet «Care» que Martine Aubry avait mis en place au parti socialiste.

La démarcation droite-gauche est plus complexe mais il est utile de faire simple pour poser des fondamentaux.


A suivre.

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