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Billet de blog 4 mai 2012

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Tauromachie politique

Une campagne électorale à la française ou à l’américaine est un moment privilégié: la violence peut s’étaler presque sans limites. Les échauffourées physiques, les injures, les mensonges, les coups montés, les mises en scènes: tout est permis. C’est le grand défoulement.

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Une campagne électorale à la française ou à l’américaine est un moment privilégié: la violence peut s’étaler presque sans limites. Les échauffourées physiques, les injures, les mensonges, les coups montés, les mises en scènes: tout est permis. C’est le grand défoulement.

Mettre à mort psychologiquement: voilà un art consommé sans modération dans une campagne. Ils sont face à face dans l’arène. Ils se mordent jusqu’à voir s’écrouler l’un ou l’autre. Les banderilles s’enfoncent, le sang coule. Tauromachie politique. Danse du diable. Un diable qui dispose d’équipes formées pour flinguer. Le diable n’est d’aucun camp: il est de tous les camps. Peu lui importe qui gagne: c’est le nombre de cadavres laissées au sol pendant ce court laps de temps qui compte.

La violence n’a pas de parti.

Après le carnage aucune excuse ne vient adoucir la scène de crime. S’excuser est vécu comme une faute, une faiblesse en politique. Et la faiblesse ne peut être validée par aucun parti politique. Seule la force compte, l’affrontement, le ring. Celui qui est KO est un looser. On n’a d’yeux que pour le vainqueur. Comme partout, comme toujours. Comme d’habitude. Le peuple qui vit par procuration n’aime que les gagnants.

Qui aime les perdants? Les perdants c’est pour l’hôpital.

La violence donc. On tape, on assomme, on blesse, on casse. Mais on ne présente jamais de regrets. En revisitant «Little Big Man», d’Arthur Penn, je tombe sur cette phrase culte.

La scène se passe au début du film. Le garçon adopté par les Cheyennes est devenu orphelin suite au massacre de sa caravane par les Pawnees. Un jour il se bat avec un jeune de la tribu. Bien que plus petit il le blesse d’un coup de poing sur le nez. L’adolescent indien saigne.

Le garçon adopté présente alors ses excuses:


«- Je regrette, Ours des montagnes. Je ne voulais pas te blesser.

Chez les indiens, il ne faut jamais dire que l’on regrette de l’avoir battu, parce que cela veut dire qu’en plus d’avoir vaincu son corps, on veut vaincre aussi son âme. Pour la première fois de ma vie, je venais de me faire un ennemi mortel.»



Selon ce film les indiens ne s’excusent pas d’avoir blessé quelqu’un. Présenter des excuses, tenter de réparer, cela n’appartient pas au monde habituel. Encore moins au monde politique. Présenter ses excuses appartient à un monde où les humains souffrent de se blesser mutuellement. Ou bien un monde où les excuses sont la mise à mort de l’âme.

De toutes façons, un autre monde.

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