C’est un scientifique australien qui l’affirme dans une interview au journal The Australian datée du 16 juin 2010: l’espèce humaine va disparaître d’ici 100 ans, et il n’y a rien à faire. Ce serait déjà trop tard. Ce scientifique est Frank Fenner, virologue, qui a contribué à l’éradication de la variole et à la mise sous contrôle de la mixomatose.

Selon Fenner, nous allons disparaître parce que nous sommes trop nombreux. C'est donc la croissance de la population mondiale qui est en cause. Si l'on en croit l'ONU, la population mondiale atteindra les 6,9 milliards cette année. Une tendance démographique qui, couplée à ce que Fenner appelle notre «consommation débridée», mènera à terme à la disparition de l'espèce humaine.»
Et il ajoute:
«L'Homo sapiens va disparaître, peut-être en l'espace d'un siècle. Et beaucoup d'animaux aussi. C'est une situation irréversible. Je pense qu'il est trop tard. J'essaie de ne pas trop le dire car il y a des gens qui essaient de faire changer les choses.»
C’est décidément à la mode de prédire les pires catastrophes. Mais cela n’est pas nouveau, on le sait. La fin de quelque chose est un thème récurrent: fin des temps, fin du monde, fin de la planète, fin de l’espèce humaine. Ce thème est habituellement traité par les religions, les sectes ou les auteurs de science-fiction. Mais depuis quelques décennies des scientifiques s’en sont emparés, lui donnant une sorte de caution de sérieux.
Fenner ne détaille pas sa thèse. Le lecteur doit remplir lui-même les cases qui manquent. Donc y mettre ses angoisses. Hop, un saut dans l’irrationnel! Et une supposition anxiogène de plus! Il ne démontre rien, il fait seulement une hypothèse, qu’il valide en affirmant qu’il est déjà trop tard pour éviter cette issue. Si l’on peut relativement prévoir l’orbite terrestre dans les milliers d’années (et encore: pour autant que rien n’interfère), il est beaucoup plus aléatoire d’anticiper sur la capacité d’adaptation du vivant.

Sur le fond la disparition de l’espèce humaine est possible et même plutôt probable. La question est: quand? Sur les 4 milliards d’années environ qui restent de vie au soleil, seules environ 1 milliard d’années seront vivables sur Terre. Après il fera trop chaud à cause de l’augmentation probable de volume de notre étoile.
Il peut y avoir de brusques changement climatiques, en particulier les glaciations. La prochaine est logiquement attendue pour dans 10‘000 ans, mais l’analyse des carottes de glace montrent qu’il peut en survenir une imprévue en une décennie environ. Un tel phénomène réduirait drastiquement la population, faute de terres cultivables en quantité suffisante pour la nourrir.
Il peut y avoir l’explosion d’un supervolcan, comme celui du parc naturel de Yellowstone aux Etats-Unis. La prochaine pourrait être proche, quelques milliers d’années. Il peut aussi se produire la chute d’un gros astéroïde, ou l’explosion d’une supernova proche dont les radiations pourraient détruire la vie sur notre planète. Ou une épidémie dévastatrice. Ou l’éjection de notre orbite quand la Voie Lactée fusionnera avec la galaxie d’Andromède.
Donc il y a de fortes probabilités que notre espèce disparaisse. Mais affirmer que c’est pour dans un siècle est bien léger. Cette prévision ne tient aucun compte de la capacité d’adaptation inhérente à toute espèce. Peut-être notre nombre va-t-il diminuer. Peut-être en effet allons-nous disparaître dans ce délai. Mais qui peut le dire aujourd’hui?
Peut-être même un jour partirons-nous sur d’autres planètes. Mais cela risque d’être pour un avenir très lointain. Si nous survivons.