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Hildesheim en Basse-Saxe compte environ 100.000 habitants et sa petite université pourtant renommée, à peine 6000 étudiants. Parmi de nombreux monuments historiques, en particulier ceux dus à la période ottonienne de l’an mil, la ville possède un très riche musée égyptien, le second en Allemagne après celui de Berlin. Mais cette institution prestigieuse qui détient de fabuleux trésors est sur le point de fermer ses portes.
Le musée d’Hildesheim a été fondé en 1844 par Hermann Roemer, avocat, collectionneur et géologue amateur. Puis en 1907, Wilhelm Pelizaeus (1851-1930) fait don à la ville de sa collection d’antiquités égyptiennes. Ce commerçant devenu banquier avait vécu quarante ans en Egypte, où il avait assumé la charge de consul d’Espagne à Alexandrie. A cette occasion il avait rassemblé une exceptionnelle collection d’antiquités.
Outre le département égyptien, le Roemer et Pelizaeus Muséum[1] est célèbre pour sa collection antique du Pérou, pour la donation de 150 peintures de l'artiste Brüggemann Waltraute Macke (1922) et pour la donation Ernst Ohlmer de porcelaines chinoises (1927). Cela en résumé, sans compter l’histoire naturelle, l’ethnologie, les arts appliqués et les collections historiques locales, le tout rassemblé dans une institution unique au début des années 1950. Bref un bric-à-brac des plus extraordinaires !
Pourtant, après la rénovation nécessaire, l’institution connait des problèmes. L’égyptologue Eggebrecht Arne (1935-2004) qui en fut longtemps le directeur, de 1974 à sa mort, a été le promoteur d’une réorganisation avec la construction d’un nouveau bâtiment ouvert en 2000.
La municipalité en a profité pour se désengager peu à peu. En 2013 elle menace de diminuer encore sa subvention de 100.000 euro. Les expositions prestigieuses organisées chaque année seront supprimées.

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Le musée est sommé de se « restructurer », alors qu’il met déjà en œuvre des économies drastiques. Son effectif de 27 employés seulement ne comprend aucun poste de restaurateur. A la fin de l’année il est prévu de « prêter » une partie de la collection d’égyptologie au musée de Baltimore, en échange de crédits qui seront affectés à la restauration des pièces les plus fragiles.
Pourtant ces mesures ne vont pas accroître le nombre des entrées payantes à Hildesheim. L’association des amis du musée égyptien Pelizaeus, créée en 1977, finance déjà certaines activités de formation et de promotion, ainsi que quelques acquisitions récentes. Mais à terme, l’absence de nouveaux financements pérennes d’origine publique pourrait conduire à la fermeture pure et simple. Un cas emblématique en Allemagne, mais moins inédit en Europe du sud, où beaucoup d’institutions muséales sont aujourd’hui menacées par la crise et les mesures d’austérité appliquées aux collectivités locales.
La présentation de quelques chefs- d’œuvre du Pelizaeus museum fera l’objet d’un prochain billet.
[1] Voir le site du musée, en allemand et en anglais, d’où proviennent les photos.