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Billet de blog 30 mars 2013

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La collection Pelizaeus d’Hildesheim (3)

Contrairement à une idée reçue, les périodes ultimes de l’histoire égyptienne ne peuvent s’analyser comme une décadence artistique. Les formes évoluent avec la société, avec les pratiques religieuses et avec les influences extérieures venues de la Méditerranée.

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Illustration 1
Buste royal en bronze PM 0384

Buste royal en bronze PM 0384

Le buste en bronze rehaussé d’or proviendrait de la ville de Horbeit, dans l’est du Delta. Il est daté des dynasties XXIX ou XXX, soit du IVe siècle avant JC. Les statues égyptiennes en bronze sont rares parce que détruites et fondues dès l’antiquité pour récupérer le métal. A la Basse Epoque elles concernent le plus souvent des divinités. Cet exemplaire royal remarquable appartenait sans doute à une statue composite faite de plusieurs sections en bronze assemblées, ou bien constituée de matériaux de nature différente. Ici le roi porte le kheprech, la couronne de cérémonie bleue qui disparait à l’époque ptolémaïque. L’uraeus protecteur a perdu sa tête, mais il gonfle sa collerette sur le front du roi et le corps du cobra zigzague jusqu’en haut du casque. La fausse barbe droite indique qu’il s’agit bien du souverain régnant et non d’un ancêtre défunt.

Illustration 2
Ensemble de vases canopes PM 1345-1348

Ensemble de vases canopes anépigraphes PM 1345-1348

Ces quatre vases en calcaire proviennent d’Abousir el-Meleq, au sud du Fayoum. A l’origine les canopes sont destinés à recueillir les viscères fragiles retirés du corps pendant la momification. Au Nouvel empire leurs bouchons, jusqu’alors plats, prennent la forme des quatre fils d’Horus, divinités connues depuis les Textes des pyramides. Amset arbore une tête humaine. Hapy, celle d’un singe babouin. Douamoutef, celle d’un canidé. Enfin Qebehsenouf  montre une tête de faucon. En général, les vases portent gravés le nom du défunt et une formule protectrice qui disparait à la Basse époque. C’est le cas ici, où les vases anépigraphes peuvent être datés du VIe au IVe siècle avant JC. Plus tard, les canopes deviennent de simples simulacres, sans cavité intérieure. A l’époque romaine, dans les grands hypogés d’Alexandrie, les vases sont remplacés par des représentations sur les fresques [1].

Illustration 3
Masque du dieu Anubis PM 1585

Masque du dieu Anubis PM 1585

Masque en argile polychrome cuite, d’origine inconnue. Cette pièce unique au monde, datée  du VIe au IVe siècle avant JC, représente Anubis, l’autre divinité funéraire auprès Osiris. Il est le gardien de la nécropole un peu comme ces chiens qui rôdent le soir entre les tombes. Patron des embaumeurs, il joue également un rôle psychopompe, conduisant les âmes dans le monde des morts. Percé de deux trous pour laisser passer le regard, ce masque à l’apparence de canidé devait-être utilisé par un prêtre ritualiste psalmodiant les formules sacrées pendant les longues opérations de la momification.

Illustration 4

Chapelle de Ptolémée Ie Soter PM 1883

Le dieu Thot, ou Djehouty en ancien égyptien, est connu depuis les Textes des pyramides où il personnifie déjà la lune, comme Rê le soleil dont il est le vizir. C’est le dieu savant par excellence, celui qui compte le temps. Maitre des « paroles divines »  (les hiéroglyphes), il est le patron des scribes. Ses deux animaux sacrés sont l’ibis pour la Basse-Egypte et le babouin pour la Haute-Egypte. C’est sous ces deux apparences que nous le retrouvons ici, sur un relief provenant d’Hermopolis, au tout début de la période ptolémaïque. Il s’agit d’une chapelle de culte située à l’entrée des catacombes où étaient entassées des momies d’ibis. Le fondateur de la dynastie hellénistique, Ptolémée Ie Soter est représenté trois fois devant le dieu Thot. A gauche il est figuré par une grande statue de babouin assis coiffé de l’astre lunaire. Ensuite la divinité prend la forme d’un homme ibiocéphale. Pour l’ancien égyptien il ne s’agissait pas d’une chimère. Cette forme composite, humain / animal était seulement une métaphore, une manière formalisée de décrire la nature et la fonction de la divinité.

A la période romaine la religion égyptienne continue d’évoluer. Peu à peu on voit poindre l’art Copte, puis ce qui donnera plus tard de nouvelles expressions dans le contexte du christianisme médiéval. Mais c’est une autre histoire qui commence.

En attendant, il serait dommage que le Roemer et Pelizaeus Muséum qui compte tant de trésors soit contraint de fermer ses portes.


[1] On peut  y voir aussi l'une des origines du tétramorphe chrétien qui représente les quatre évangélistes sous la forme de quatre créatures chimériques.

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