Excellent article de Martine Orange, que le « roman noir de l’écotaxe ». Voilà qui confirme le billet de François-Xavier Berger. Voilà qui confirme aussi pour Médiapart la nécessité de décortiquer avec acuité le réel, au-delà des éléments de langage trompeur de nos élites du petit monde politico-médiatique prompt à camoufler les pires turpitudes sous le manteau de l’intérêt national.
Ce nouveau scandale, une grave affaire d’état de plus, est particulièrement emblématique de la décadence de la Ve république. Toutes ses particularités en témoignent.
1) Un détournement massif d’argent public au profit d’un capitalisme financier prédateur qui n’a plus pour ambition d’innover, d’investir, de produire et de vendre. Il s’agit seulement de s’assurer une rente prélevée sur la ressource publique et protégée par l’Etat, sans aucune innovation et sans aucun risque entrepreneurial face à la compétition internationale.
2) Un démantèlement du pouvoir régalien, particulièrement grave en matière de fiscalité, puisqu’une société financière privée prend à ferme une taxe, dispose des octrois sur les routes publiques et se voit remettre le droit de punir les contrevenants éventuels. Il s’agit ni plus ni moins que d’un retour à l’Ancien Régime dont les cahiers de doléances de 1789 relèvent l’iniquité.
3) Un maquillage idéologique éhonté de l’affaire proclamée 100 % « écologiste », en réalité destinée à berner la population laissée soigneusement dans l’ignorance de la nature réelle de l’opération et du contenu d’un contrat léonin. Mais aussi à duper ces nigauds de dirigeants écologistes joyeusement roulés dans la farine et qui font ici, une fois de plus, la preuve de leur incompétence, y compris dans le cœur du projet justifiant à leurs yeux l’existence d’un parti spécifiquement écologiste dont on voit chaque jour davantage les errements politiques.
4) Une forte odeur de corruption se dégage de ce contrat si favorable à l'entreprise au détriment de l'Etat. Cela confirme le dévoiement de la nomenklatura politique de ce pays. Comment ne pas être frappé en effet par l’adoption unanime de cette loi, impliquant la quasi totalité des députés et des sénateurs, tous suivistes de leurs maîtres à penser ultralibéraux, ceux de droite comme ceux du parti prétendu socialiste. L’affaire menée par Sarkozy et les leaders UMP a été continuée pour mise en oeuvre par Ayrault et les leaders du PS, sans sourciller.
Trop c’est trop.
Bref, il n’y a pas plus de raison d’accepter l’écotaxe qu’il y en a de se féliciter de la hausse prochaine de la TVA (au 1° janvier 2014) ou du renoncement de Hollande à faire la réforme fiscale attendue !
Après le temps de l’information et du débat nécessaire, la dénonciation de ce nouveau scandale doit déboucher sur l’abrogation pure et simple de l’écotaxe et sur la résiliation du scandaleux contrat d’affermage. Ensuite il faut rechercher les responsabilités dans l’initiation de cette grave et triste affaire. Enfin, il faut débusquer la corruption et poursuivre impitoyablement ceux qui en sont coupables. Mais là, c'est déjà de la VIe République dont on parle...