Un homme vient de s'éteindre comme s'éteint une bougie qui nous a éclairé de sa lumière douce et discrète. Il s'appelait simplement Mouloud, ou Djaz ...
Il a marqué des dizaines et des dizaines de jeunes qui sont passés dans cette maison qu'a habité Frantz Fanon et où il s'est réfugié comme en une thébaïde,quand il n'a plus supporté "les bruits et la fureur".
Grâce à lui, qui n'était pas avare de paroles vraies, ils ont découvert tout un pan de notre Histoire. Elle leur a été servie, non comme un pensum indigeste mais à la manière des bardes d'antan.
Mouloud avait cette qualité rare de l'a-propos qui relie le présent au passé.
A travers maintes anecdotes; il savait croquer, en quelques traits incisifs, un profil, une situation, une atmosphère, des moments-clé de notre Histoire tumultueuse.
Au détour de ses anecdotes souvent croustillantes, se dégageait l'âme d'un peuple, sa sagesse mais aussi ses travers.
Oui, Mouloud était nostalgique d'une identité Algérienne apurée des contrefaçons d'aujourd'hui. C'est un peu cette "nostalgérie"dont parlait Jacques Derrida...
On regrette que Mouloud qui avait une si belle plume, se soit toujours refusé à écrire s'arcboutant à la tradition orale.
Dommage, car de cette riche transmission, seul un cercle intime a profité.
Heureuse quand même qu'il ait eu l'occasion de côtoyer tant de jeunes. Il leur a fait découvrir de grandes figures de notre patrimoine culturel dont il a été l'ami intime.
Je pense à Kateb Yacine, Issiakhem,Hamid Benzine, Bachir Hadj Ali, Said Mekbel, Henri Alleg... parmi tant d'autres.
C'est cet homme là qui vient de mourir creusant en nous un grand vide.