C'est en réaction à l'article d' El Watan du 15/09/17 que j'interviens, puisque, malheureusement, ce journal a banni tous commentaires malgré le "réagissez" qui continue, de façon incongrue et frustrante, à apparaître après chaque article...
Oui, le besoin de réagir se ressent de plus en plus fort surtout quand il s'agit de falsifications d'événements ou de l'Histoire.
C'est le cas de cet article de Amel Blidi qui déroule, comme des vérités intangibles nombre d'allégations mensongères puisées à une seule source, au déni d'autres sources contradictoires.
Pour exemple, l'affirmation péremptoire : "Pas la moindre démonstration de soutien..."
Ce qui revient à suggérer l'acceptation du coup d'état, du 19 juin 65, ce qui est faux.
Outre d'autres sources historiques, je ne peux récuser mon propre témoignage, celui d'avoir participé à Oran, à une manifestation contre ce coup d'état, dès le lendemain, donc, pour ainsi dire spontanée.
D'après mon souvenir, ce n'était certes pas un déferlement, nous étions à peine 2 à 3 centaines à bloquer les grandes rues principales du centre ville, applaudis quand même par tous les quidams, accostés derrière leurs balcons.
Toujours d'après mon souvenir, les CRS dépêchés sur les lieux, ont été particulièrement permissifs se contentant de canaliser le flux et de dévier la circulation.
Aucun incident n'a été à déplorer sauf l'altercation avec mon mari à mon retour...
Ce témoignage vécu d'une réaction spontanée disqualifie, en lui même, les "Mémoires" oublieuses et percées de trous de Mr Rachid Benyeles.
Que dire aussi de ce parti pris d'introniser Badreddine El Mili pour représenter l'UNEA dont on suggère fallacieusement qu'il en était un dirigeant?
Pourquoi mettre en exergue les propos de ce Mr au déni d'autres écrits d'autres plus authentiques responsables de l'UNEA de l'époque dont certains sont encore vivants aujourd’hui?
Comment une journaliste peut-elle répercuter, en guise d'information,cette version romancée au sens trivial du terme de l'UNEA, réduite à un groupe d'étudiants "chahuteurs" et "surchauffés" et qui par la grâce d'un Zoro "surgi de derrière l'estrade" a été transformée en un troupeau docile, bêlant les vertus du nouveau Régime?
Ce qui évacue la répression contre L'UNEA qui s'en est suivie.
En dehors de ces rectificatifs utiles et nécessaires, quid du titre de l'article en référence à sa conclusion?
C'est, à mon avis, l’intérêt principal de cet article.
Ingénument, elle pointe le vrai problème, celui de la légitimité du Pouvoir.
Qui est, en droit, détenteur de cette légitimité? De par la Constitution,le peuple, seul souverain !
Oui ! Qu'importe la gestion désastreuse du pouvoir faite par Benbella , gestion à contester et à combattre , ce qui était en cours, d'ailleurs.
Ce qui a été le plus désastreux et qui a obéré l'avenir, c'est cette transgression de la Loi qu'a été le 19 juin 1965.
Ça a institué de fait une sorte de "jurisprudence"
Ce jour là a représenté un attentat grave à la souveraineté des citoyens dument reconnue par la Constitution.
Oui, ce jour là, un Colonel a décidé, de par sa force, de nous disqualifier, nous citoyens:
" C'est moi qui sais ce qui est bon pour vous, donc j'éjecte votre Président qui, ceci, cela... et je décide..."
Personnellement si j'ai tenu à manifester dès le 20 juin, ce n'était pas en faveur de Benbela, contre lequel j'avais nombre de griefs, mais contre le coup d’état que je percevais comme une humiliation en tant que citoyenne et aussi une possible ouverture à maintes dérives...
Doit-on conclure comme l'insinue cet article que la vraie détentrice du Pouvoir reste encore, à ce jour, l'Armée?
Qu'un Président, même élu par le peuple sans falsifications des urnes et sans contraintes conjoncturelles, ne peut gouverner que s'il a l'Armée à sa botte?
Oui, ce fut le cas du seul Président à avoir été vraiment élu, sans fraudes et sans réticences.
Et il a été destitué, manu militari, au mépris des citoyens qui l'ont élu....
La triste conclusion de ce billet est que 55 ans après la Libération, notre peuple n'a pas encore réussi à recouvrer sa souveraineté au sens moderne du terme.
Mais ça viendra, j'en suis sûre...
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