Houria Chafai

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Billet de blog 29 janvier 2017

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Le politologue Thomas Guénolé a-t-il raison de parler d'islamopsychose au lieu du terme en vogue d'islamophobie? Plusieurs éléments attestent son analyse. C'est ce qui est inquiétant.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans une tribune récente le politologue Thomas Guénolé a utilisé le terme d'islamopychose" pour rendre compte des divers écrits et prises de parole autour de cette nébuleuse qu'est " l'Islam de France".
Il y pointe aussi le détournement de sens du concept de laïcité, "principe de neutralité spirituelle de l’État et de l'administration", détournement qui aboutit à disqualifier et discriminer les français de "confession musulmane" et j'irais plus loin en disant,

supposés l'être de par leur nom, même s'ils ne sont pas pratiquants, voire même, non croyants.

Et oui, si tu t'appelles David, tu n'es pas perçu comme juif, pas davantatage comme chrétien si tu t'appelles Mathieu, mais si ton prénom est Bilal, alors là, oui, tu es épinglé d'emblée comme musulman, même si tu es athée...

Et, oui, ce sont ces petites choses, insignifiantes en apparence et qui pourtant ont un sens à décrypter.

J'ai souvenir d'un temps, celui de la guerre d'Algérie où les exactions, y compris la torture étaient acceptées,banalisées. 

Un temps, où un  homme, Archevêque d'Alger, jusque là appelé, révérencieusement, Monseigneur Duval, s'est vu affublé d'un prénom "infamant", celui de "Mohamed Duval", pour avoir simplement rappelé ses corréligionnaires à devoir  revenir à l'enseignement du Christ, l'amour du prochain mais aussi le refus de l'injustice.

Oui, àprès son prèche condamnant l'injustice du système colonnial, Montseigneur Duval est devenu la bête noire des colons, d'où ce prénom de "Mohammed" dont ils l'ont affublé pour mieux le dénigrer: Mohammed Duval !

Rien de nouveau sous le soleil !

Je n'ai rien à voir directement avec les joutes qui se déroulent en France mais il me parait utile de rappeler que Marine le Pen, 60 ans àprès, recourt à ce même stratagéme de ses aieux colonialistes et racistes en affublant le candidat Hamon d'un prénom "musulman" qui est censé le discréditer.

Après cette digression sur les prénoms infamants censés discéditer ceux qui dérangent, je reviens à cette tribune du politologue Thomas Guénolé dont j'apprécie l'apport.

Il a raison.Ce braquage contre l'Islam n'est pas d'ordre phobique, donc névrotique, donc compréhensible après un choc traumatique.

Il parle d'une islamopsychose et il n'a pas tort. C'est, effectivement de l'ordre du délire, du déni de la réalité et donc de la Psychose.

En effet, quel est l'énnemi présumé de la paranoia ambiante et entretenue ? L'islam.

Et là, en effet, le terme d'islamopsychose prend son sens pertinent.

C'est que la réalité sociologique de cette "communauté musulmane" est, comme toute communauté minoritaire immigrée, peu homogène, de fait, tant elle est traversée par des clivages socio-économiques autrement plus prépondérants que l'appartenance religieuse de ses aieux. Elle est tributaire aussi de son histoire plurielle.

Il n'est pas indifférent que les musulmans de France viennent d'ex colonnies de l'Afrique du nord ou de l'Afrique sub saharienne ou de l'Asie ou d'Europe comme les Turks. Ne pas oublier, non plus, les "Harkis" et leurs enfants.

Ce panel hétéroclite fait-il une "communauté musulmane" que fantasment les politiciens qui veulent la régimenter?

 Leur rêve n'est-il pas de l'ordre du délire? Leurs appréhensions quant aux dangers de cette "communauté musulmane" fantasmée, n'est-elle pas de l'ordre de la paranoia?

Assurément oui !

Faire un amalgame d'éléments divers et l'appliquer à toutes les dents, c'est ce que fait le dentiste tant la similitude entre les dents d'un blanc, d'un noir, d'un jaune, d'un chrétien, d'un juif ou d'un musulman est scientifiquement établie.

Mais l'amalgame est-il valable dans le domaine politique? Ojectivement non si on reste au plus près de la réalité.

Oui, Thomas Guénolé a raison. Il s'agit bien d'une islamopsychose, d'où mon inquiètude quant à ses effets,les traitements étant rarement efficaces.

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