Officiellement la page est tournée à l’UMP, et Jean-François Copé l’assure en majesté, à la une du Figaro : « Je suis à la tête de l’UMP pour la faire gagner ». Autrement dit « Taïaut, Taïaut, Taïaut ! », mais François Fillon, comme l’écho de la chanson, répond dans un communiqué que « le report de l’élection pour la Présidence de l’UMP n’efface pas le passé ».
En un mot le principal parti d’opposition part sur de nouvelles bases, mais il consacre les anciennes. Il dépasse la querelle de décembre, c'est-à-dire la guerre Copé-Fillon, mais donne une légitimité à l’élection du premier, que le second avait reçu comme le résultat du trafic d’une « mafia ».
C’est là tout le paradoxe de cette drôle d’élection, pour un drôle de congrès, qui a demandé à des militants de voter pour savoir si ils voulaient voter.
Revoter pour la Présidence de l’UMP, là la réponse a été : « non ».
Et Voter en 2016, dans des primaires ouvertes, pour la désignation du candidat à la présidentielle de 2017, là la réponse a été : « oui ».
En fait, pour des raisons de calendrier qui tiennent à l’urgence de s’organiser pour les municipales et les européennes, l’UMP n’a pas tranché dans sa contradiction existentielle. A Copé qui représente la tradition, c'est-à-dire la culture du chef et du fait accompli, elle a donné satisfaction en procédant, de la manière la plus RPR qui soit, à un vote de ratification. Copé a pris la Présidence du Parti par la force, le vote de ce week-end la lui confère par les urnes.
A Fillon, qui représente l’aile parlementariste du Rassemblement, il a promis l’élection primaire, qui donnerait aux sympathisants le pouvoir futur de désigner son chef.
Chef autoproclamé pour tout de suite, contre chef désigné par la base, pour plus tard.
Mise à feu d’une révolution démocratique, selon Fillon, mais en mettant la mèche au frigo, version Copé, qui y est, qui y reste, et qui n’en sortira que par la force des baïonnettes, pour l’instant remisées dans la salle d’arme.
Sachant que les duellistes ne sont pas deux, mais au moins trois, car Nicolas Sarkozy entend les mettre d’accord, en se passant des primaires, et qu’un tien vaut mieux que deux tu l’auras, Jean-François Copé est incontestablement le gagnant de la bataille. Il n’est qu’à entendre le résumé de ce vote byzantin par les medias pour mesurer son effet immédiat. Fillon peut toujours regarder vers 2016 à la manière des sages tibétains, ce qui est répété en boucle sur les antennes françaises c’est que « Copé est confirmé à la Présidence », et point barre.
Le deuxième constat c’est que l’UMP est en morceau. Ce vote de militants, donc de gens plus concernés que la moyenne, n’a pas dépassé vingt sept pour cent de participation, c'est-à-dire moins qu’une cantonale partielle. Si ce n’est pas une manière de déchirer sa carte, c’est au moins une façon de l’oublier au fond de sa poche.
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