Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

308 Billets

1 Éditions

Billet de blog 1 novembre 2013

Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

Otages : Marine Le Pen fait aussi dans le détail

         Une grave question dans l'actu de ce matin. Avec sa barbe taillée d'une manière qui était bien étrange, Landru était-il à l'avant garde du péril intégriste ? C'est la question qu'on doit  se poser après la sortie de la Présidente du Front National puisque la barbe c'est l'islamiste. En s'interrogeant hier matin sur la barbe et le costume des otages à peine sortis de trois ans de captivité dans le désert, Marine Le Pen a finalement appliqué son programme à la lettre : elle a dit tout haut ce qu'elle pensait tout bas.

Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

         Une grave question dans l'actu de ce matin. Avec sa barbe taillée d'une manière qui était bien étrange, Landru était-il à l'avant garde du péril intégriste ? C'est la question qu'on doit  se poser après la sortie de la Présidente du Front National puisque la barbe c'est l'islamiste. En s'interrogeant hier matin sur la barbe et le costume des otages à peine sortis de trois ans de captivité dans le désert, Marine Le Pen a finalement appliqué son programme à la lettre : elle a dit tout haut ce qu'elle pensait tout bas.


        Il se trouve que c'était une sottise politique, et qu'elle a du se lancer dans un freinage acrobatique en deux temps. Premièrement admettre une certaine maladresse. Deuxièmement faire semblant d'avoir pensé à autre chose que ce qu'elle avait énoncé.

        En pointant nommément la barbe de l'un, le costume des autres, et l'allure de tous les quatre, Mme Le Pen n'aurait pas désigné des otages victimes d’une sorte  syndrome de la Mecque, dérivé coranique du syndrome de Stockholm, mais dénoncé le cirque médiatique autour de la libération ainsi que les tentatives de récupération politique.
         Passons...
        Qu'elle se rassure sur ce point, Aucun retour d'otage, médiatisé ou pas, n'a eu de conséquence sur le destin politique des responsables en place. Jacques Chirac a pu aller chercher Kauffmann, Carton, et Fontaine, entre deux tours de la présidentielle de 1988, il a largement perdu, et Nicolas Sarkozy a pu battre du tambour autour des infirmières bulgares, sa côte a plongé quand même et n'est pas remonté après les célébrations du retour d'Ingrid Bettecourt, qui n'avait d'ailleurs pas été libéré par ses soins mais par l'armée Colombienne.
        Si l'épisode heureux du retour en France des différents otages n'a  jamais eu de retombées politiques, l'écart de Marine Le Pen peut-il pour autant peser sur sa carrière ? Dans l'immédiat sans doute pas. Si pour des raisons diverses des millions de Français ont envie de voter pour elle, ce n'est pas cette sortie pileuse, et cette correction piteuse, qui les fera changer d'avis. Les convaincus resteront convaincus.
        Le problème c'est tous les autres, les plus modérés, qui avaient envie de sauter le pas, et de se laisser convaincre que le Front version Marine ce n'était pas l'extrême droite version son père.
        Jean-Marie Le Pen était resté puissant mais isolé par ses excès qui le rendaient infréquentable. Son péché originel c'était l'affaire du « détail ». Marine Le Pen a voulu s'en détacher, en se présentant comme modérée. Elle a voulu marquer sa différence, pour se dédiaboliser et elle compte bien que cette histoire ne la desserve pas. Après tout, elle a raison.

     Cette affaire n'est jamais qu'un « détail ».

        France Culture 7h15 ; France Musique 8h07 ; Twitter @huberthuertas