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Billet de blog 4 septembre 2012

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Désir ou Camba ? Martine en parle avec Aubry

« Martine Aubry déterminera son choix cette semaine concernant son possible successeur, et il sera connu au plus tard le 12 septembre ». Il y a des phrases comme ça, qui sont banales et stupéfiantes à la fois.

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« Martine Aubry déterminera son choix cette semaine concernant son possible successeur, et il sera connu au plus tard le 12 septembre ». Il y a des phrases comme ça, qui sont banales et stupéfiantes à la fois.

       Banales en langage PS. Cette phrase a été prononcée par le porte parole, David Assouline, hier, lors du point de presse hebdomadaire.

       Le Parti socialiste prépare son congrès de Toulouse, Martine Aubry a choisi de ne plus le diriger, elle a signé une motion ultra-majoritaire avec Jean-Marc Ayrault, les anciens courants du désastreux congrès de Reims se sont égaillées dans la nature des ministères et le paysage de l’Elysée ; les nouvelles puissances essaient de peser sur la future organisation, l’aile gauche représentée par Benoit Hamon veut se compter, Ségolène Royal, dont les anciens associés Valls et Peillon ont repris leur liberté, veut peser tout en étant ailleurs, les Aubrystes veulent se maintenir, les hollandais s’installer sans que ça se voit trop, bref, rien de plus normal.

       Donc en langage PS, David Assouline a simplement décrit une procédure interne. Deux prétendants espèrent devenir Premier Secrétaire, Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadelis, qui tient la corde, et la Première secrétaire va les départager.

       C’est en langue française, c'est-à-dire dans ce que peut ressentir le public non initié que le message devient plus déroutant. Car, que dit au fond David Assouline, sinon que Martine se concerte avec elle-même, en ce moment, qu’elle réfléchit, qu’elle va s’auto-réunir dans les tous prochains jours, et qu’après une synthèse entre ce qu’elle pense et qu’elle va dire, elle, et elle-même, désigneront un successeur.

      Alors que le Parti socialiste a inventé les primaires  ouvertes pour désigner son candidat à la Présidence de la République, et que l’effet de souffle a été considérable, alors que l’UMP prépare un congrès qui consiste, pour la première fois de son histoire, à désigner son Président par une élection ouverte, et pas par un vote de ratification, voilà donc le Parti socialiste qui confie la désignation de son prochain patron à un corps électoral composé d’une seule personne.

    En terme de règlement interne, de bonne entente entre l’Elysée et l’ancienne candidate à la primaire, il n’y a rien à redire. Il s’agit de ne pas humilier une Première secrétaire qui a tout de même conduit son parti de Reims à l’Elysée, c'est-à-dire du désastre au triomphe, ce qui n’est pas rien.

    Mais en termes politiques, au niveau du message à l’opinion, le spectacle est comme antidaté. Tout a changé depuis les primaires inventées par PS, sauf le PS qui s’est ultra verrouillé.  

    Harlem Désir, qui ne sera sans doute pas choisi par le corps électoral unique souhaite un vote ouvert aux militants, allez savoir pourquoi. Et le Président du Conseil Régional de Rhône Alpes, Jean-Jack Queyranne, craint carrément, je le cite, « une succession à la Nord Coréenne »…

     France Culture : 7h36 ; France Musique 8h07 ; Twitter : @huberthuertas