Décidément la chronique politique est pleine de valises, de billets, de comptes en Suisse, d'arbitrages à quatre cent patates, et depuis hier d'un coup de tonnerre à onze millions d'Euros. Le Conseil constitutionnel a donc invalidé les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy qui a dépensé sans compter pour être réélu et qui met son parti en faillite après avoir été battu.
Affaire Cahuzac, dont la rumeur insistante assure qu'il ne serait pas un exemplaire unique, exemplaire quel joli mot, et qu'il cacherait une forêt ; scandale Tapie, argent Guéant, financement libyen, et désormais comptes de campagne de l'ancien Président, tout cela donne le tournis. En pleine crise économique, la vie politique, qui devrait offrir des repères, paraît se dissoudre dans cette accumulation.
Pire encore, ces affaires ne se contentent pas de perturber l’atmosphère de la démocratie, elles en deviennent l’arbitre. Elles paraissent déterminer le calendrier des grands rendez-vous, et même procéder à la sélection des dirigeants.
Quand le journal le Point se demande en couverture si François Hollande pourra tenir, alors qu’on ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher de finir son mandat, c’est qu’il rôde des hypothèses autour d’un développement de l’affaire des comptes en Suisse.
Et quand le Conseil Constitutionnel, plus haute autorité juridique de la République, rejette les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, ce nouvel épisode où se brassent des millions vient s’ajouter aux autres, pour poser la question de son empêchement pour les prochaines présidentielles.
Face à ce déferlement, un chroniqueur politique, Alain Duhamel, qu’on peut aimer ou ne pas aimer, mais dont le billet matinal sur RTL était un baromètre respecté, Duhamel vient de déclarer forfait, après trente ans. Il n’en peut plus de transformer le récit national en récit des turpitudes.
Si le plus gourmet de la chose publique se déclare écœuré, qu’en sera-t-il des Français déjà méfiant depuis longtemps.
Les politiques pourront toujours se dire, par commodité, que le système médiatique est destructeur. Ils pourront aussi se poser des questions sur eux-mêmes et leurs us et coutumes.
Bien sûr, il faut le dire et le redire, la plupart sont intègres et agissent au nom du bien public. Mais quelques uns, pas si rares, ne sont pas regardants, ou se croient tout permis, pendant que les autres ferment les yeux. Ils tolèrent, ils supportent, ils laissent courir et les dégâts sont là, qu’il faut réparer d’urgence.
Ils feraient bien d’y repenser, tous ensemble, à l’heure ou le Sénat va examiner une loi sur la transparence qui s’est opacifiée, et où l’assemblée nationale va voter la loi sur ce fameux cumul auxquels ils s’agrippent comme des damnés, en toute bonne foi, comme d’autres à leurs comptes en Suisse, ou à leurs liasses d’argent liquide.
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