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Billet de blog 5 novembre 2013

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Hollande : après l'heure c'est plus l'heure

« Pourquoi il ne changera rien » titre ce matin le journal Libération avec François Hollande en couverture, bouche pincée. Il ne changera ni d’équipe ni de ligne, même si tout change autour de lui. Hollande a-t-il raté le train qu'il avait mis sur les rails ?

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« Pourquoi il ne changera rien » titre ce matin le journal Libération avec François Hollande en couverture, bouche pincée. Il ne changera ni d’équipe ni de ligne, même si tout change autour de lui. Hollande a-t-il raté le train qu'il avait mis sur les rails ?

        « Le Président se retrouve presque nu devant l’opinion et ses adversaires », dit Frédéric Sawicki, professeur de Science Politique à la Sorbonne ». Le constat est imparable, mais il pose une question. Un vrai mystère. Comment, en dix-huit mois, en est-il arrivé là.

        Il a l’air immobile. Pourtant, pendant sa campagne, il était en mouvement. Contrairement aux idées reçues, il n’avait pas promis la lune : il incarnait seulement un changement prudent. Changement d’homme, et changement d’époque, après la crise. Des impôts mieux répartis, qui feraient d’abord payer les riches, plus de justice, moins d’excès dans l’adoration de l’argent, une Europe plus sociale. Rien de révolutionnaire, mais une petite musique qui contrastait avec l’hymne libéral et débridé qui s’était fracassé sur la crise.

        Le candidat Hollande était en phase avec l’histoire de la France et du monde, il anticipait un désir de plus d’Etat, de plus de protection, de plus de cadres. Après le cycle des années 80, la victoire idéologique de Reagan et Thatcher, venait celui des années 2010, et leur besoin de mesure, et de correction sans drame.

        La suite lui a donné raison. Les certitudes des économistes officiels qui prévoyaient que des plans d’austérités féroces rameneraient la prospérité ont été balayés, et laissent la place à des idées de relance qui ne sont plus sacrilèges.

        En France un parti centriste est né de la droitisation de l’UMP,

        En Italie, Mario Monti, l’étoile de la commission européenne, l’homme qui connaissait le remède, c'est-à-dire la réduction de l’Etat, a été balayé.

        En Allemagne la popularité d’Angela Merkel n’a pu contenir une certaine poussée à gauche, et la chancelière se retrouve à négocier avec les socio-démocrates, notamment sur la mise en place d’un salaire minimum, présenté il y a peu comme une insupportable rigidité économique.   

        Aux Etats-Unis, Barak Obama a été réélu malgré ou grâce au Tea Party. A New-York, le candidat Bill de Blasio, tient des propos qui feraient s’enfuir Gérard Depardieu sur la planète Mars, à propos de la hausse des impôts pour les riches. Oui, de la hausse des impôts. Il réclame aussi le retour de la puissance publique, la mise au pas des promoteurs immobiliers, la renaissance d’une école publique en déshérence, et le petit peuple devrait l’élire à la mairie à l’effroi de Wall Street.

        Partout le même retour de balancier, mais en France, l’homme qui a anticipé le mouvement se retrouve à la remorque, enlisé dans un discours gestionnaire, tandis que la droite la plus dure rêve tout haut de révolution, ou de destitution, et que la gauche parait submergée.

        Pourtant, aux dernières nouvelles, Hollande ne changera rien. Pourquoi ? Peut-être, tout simplement, parce que le changement c’était maintenant, et qu’après l’heure, c’est plus l’heure.  

        France Culture 7h15 ; France Musique 8h07 ; Twitter @huberthuertas