Nathalie Kosciusko-Morizet triomphante le lundi, Nicolas Sarkozy à Londres en quasi président le même jour, tandis que ses avocats essaient de bloquer l’affaire Bettencourt mais que le scandale Tapie prend son essor, Patrick Buisson qui dézingue Kosciusko mercredi, François Fillon sur France 2 ce soir. Municipales, Présidence interne, primaires, manifs anti-mariage, l’UMP bouillonne ces jours ci dans un maelstrom confus qui se résume en fait à une date : 2017
Une date, et un retour qui ne se cache plus, celui de l’ancien Président. L’époque du secret de polichinelle sur le mode « reviendra-t-il ? » est révolue. Les amis de Nicolas Sarkozy font désormais savoir qu’il y pense la journée, et qu’il en rêve la nuit.
Cette montée en puissance correspond pour lui à une montée des périls, et ils sont de deux ordres : idéologiques et tactiques, les deux étant liés.
Depuis le 6 mai 2012, deux lignes de pensées s’opposent à l’UMP. Il y a ceux qui réclament un inventaire du quinquennat, et de dix années de pouvoir de droite. Roselyne Bachelot, qui fait aujourd’hui de la télévision, était toute seule au début. Ils sont légion aujourd’hui, de Fillon à Le Maire en passant par Bertrand ou Pécresse.
Et puis il y a l’autre ligne, celle de la fidélité proclamée à l’ancien président. Jean-François Copé, Patrick Buisson, ou les jeunes pousses de la droite forte.
Pour faire simple, on assiste à l’affrontement des « fidèles », pour qui le retour de Sarkozy est écrit, contre les « infidèles » qui posent des conditions, ou qui émettent des doutes. Les fidèles parient sur la droitisation décomplexée, les infidèles font le choix d’un positionnement plus ouvert vers le centre. François Fillon le fera sentir ce soir, à la télévision.
A ce titre, le triomphe parisien de Nathalie Kosciusko-Morizet est un échec des « fidèles », qui avaient juré de la faire tomber. Patrick Buisson, qu’elle avait surnommé « Gestapette », vient d’ailleurs de décréter qu’elle n’est pas « la meilleure pour gagner mais la meilleure pour perdre »… Il n’empêche que la primaire donne des ailes aux « infidèles », qui rêvent d’émancipation.
D’où la nécessité, pour Nicolas Sarkozy, de reprendre la main, donc de se montrer beaucoup.
Son problème c’est les affaires. Ses avocats essaient de bloquer le dossier Bettencourt, mais l’affaire Tapie, qui mélange l’argent public et les arrangements privés prend une ampleur considérable, sans parler des mystères de Karachi.
A cela s’ajoute d’autres « détails », d’autres mélanges, qui encouragent « Les infidèles » à tourner la page de la période Sarkozy et à croire en leur chance. Que le retraité du discours de Toulon soit payé par Goldman Sachs pour faire des conférences, ça le regarde, qu’il envisage de redevenir Président de la République, et l’argent qu’il encaisse pourrait bien se transformer en plomb.
France Culture : 7h36 ; France Musique 8h07 ; Twitter @huberthuertas