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Billet de blog 6 novembre 2013

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Borloo-Bayrou : entre espace et stratosphère

      Il y a deux lectures possibles de l’alliance entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo. La première dit qu’elle serait stratosphérique, et que tout le monde s’en fiche. La deuxième soutient au contraire qu’ils disposent d’un espace, et qu’il s’agit donc d’un évènement notable,  qui désarçonne les forces en place…

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      Il y a deux lectures possibles de l’alliance entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo. La première dit qu’elle serait stratosphérique, et que tout le monde s’en fiche. La deuxième soutient au contraire qu’ils disposent d’un espace, et qu’il s’agit donc d’un évènement notable,  qui désarçonne les forces en place…

       Commençons par le scepticisme. Il repose sur de solides observations. D’abord la personnalité des mariés. Sur le plan politique Jean-Louis Borloo est un éternel adolescent, dont l’avenir est une immense promesse, sauf que le temps a passé et qu’il n’en a tenu aucune. Quant à Bayrou il est tellement unique qu’il s’est retrouvé tout seul.  

       Ils se sont associés, non pas pour le meilleur, car l’un et l’autre ont conscience d’être celui-là, mais pour éviter le pire. Pas le pire pour eux mêmes, disent-ils, mais pour la France dont ils soulignent le désarroi. Ainsi, à eux deux, ils seraient « l’homme providentiel », et regarderaient dans la même direction, le redressement moral et économique du pays. Le problème c’est que dans cette direction il n’y a qu’un seul Elysée, et qu’ils ont beau multiplier les mots et les gestes d’amitié, tout le monde se demande lequel finira par manger l’autre, pour peu que les deux ne soient pas dévorés en même temps.

       Egalement à l’appui du scepticisme, le contenu de leur discours en stéréo. A part la photo, et la signature de la Charte, bien malin, ou bien imaginatif serait celui qui discernerait un message essentiel. Une idée majeure qui les unisse et puisse faire des petits. A ce stade, la seule proposition marquante était qu’ils posaient ensemble, qu’ils étaient dans l’opposition, que leur « alternative » serait l’associée naturelle de la droite, mais qu’elle n’excluait pas d’être rejointe par des associés de centre-gauche…

       Une bouchée pour Borloo, une cuillerée pour Bayrou, le procès en nullité n’a pas fini d’être instruit contre cette promesse de Centre, toujours en construction, et toujours introuvable.

       Et pourtant l’espace existe. Le PS est en crise aigüe, tiraillé entre une aile gauche en colère et une aile droite angoissée, l’UMP a amplifié son virage à droite, elle court éperdument derrière les électeurs du Front National et passera quoi qu’elle en dise des accords aux municipales dans certaines villes de France. Une fracture s’est donc produite au centre.

       Ce qu’ambitionnent les duettistes de l’Alternative, c’est de proposer à des électeurs qui ont envie de renverser la table une alternative modérée. D’offrir au vote sanction une option qui ne serait pas celle des extrêmes. De déranger le jeu mécanique de l’UMP, du PS, et du Front National.

       L’association Borloo Bayrou provoque d’ailleurs trop d’agacement, surtout chez les sarkozystes, pour être aussi anodine qu’elle n’en a l’air. Elle a des atouts puissants. Ces atouts éternels que le Centre, plus prompt à se rallier qu’à exister, n’a jamais concrétisés depuis presque quarante ans...

       France Culture 7h15 ; France Musique 8h07 ; Twitter @huberthuertas