Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

308 Billets

1 Éditions

Billet de blog 11 juillet 2013

Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

Scandale Tapie : Lagarde ou Marie-Chantal ?

        Qui est Christine Lagarde ? Une ancienne ministre de l’économie assez charismatique pour être devenue Directrice générale du Fonds monétaire international, ou un Ovni politique passé là par hasard, sans prise et sans mémoire sur les dossiers qu’elle était sensée traiter ? C’est la question qui se pose à la lecture des comptes rendus de son audition par la Cour de justice de la République révélés avant-hier par Mediapart.   

Hubert Huertas (avatar)

Hubert Huertas

Journaliste à Mediapart

        Qui est Christine Lagarde ? Une ancienne ministre de l’économie assez charismatique pour être devenue Directrice générale du Fonds monétaire international, ou un Ovni politique passé là par hasard, sans prise et sans mémoire sur les dossiers qu’elle était sensée traiter ? C’est la question qui se pose à la lecture des comptes rendus de son audition par la Cour de justice de la République révélés avant-hier par Mediapart.   

        Christine Lagarde surgit dans la politique française le 2 juin 2005, appelée par un Dominique de Villepin soucieux de donner de l’air à son gouvernement. Mme Lagarde est l’archétype de la personnalité de la société civile censée sortir les professionnels de la politique de leur sclérose présumée.

        Elle a gravi tous les échelons du cabinet d’avocats d’affaires Baker et Mac-Kenzie, jusqu’à la présidence, elle est classée cinquième femme d’affaire européenne par le Wall Street journal d’Europe, elle est membre des cercles les plus influents, lorsqu’elle prend son poste de ministre déléguée au commerce extérieur.

        On connaît la suite, ministre de l’économie sous Nicolas sarkozy et François Fillon, à la fois assez stratosphérique pour conseiller aux français de rouler en vélo pour éviter les frais d’essence, mais présente lors des crises successives, et finalement nommée Directeur Général du FMI.

        Or dans le scandale Tapie cette femme puissante, américaine par tempérament, donc toujours « under control » révèle une Marie-Chantal au pays des méchants. C’est une oie blanche. Elle n’a rien vu, et elle n’a rien compris.

        Le communiqué qu’elle publie le 11 juillet pour se féliciter de l’arbitrage ? Elle ne l’a pas vu passer ! 

La demande de l’Agence de participation de l’Etat d’introduire un recours, dans une note du 23 juillet ? Elle n’a pas compris, car, explique-t-elle aux magistrats, « ces écrits n’étaient pas d’une lecture très facile »…

        Son communiqué du 28  juillet soutenant que l’état ne déposerait pas de recours parce que tous les administrateurs le demandaient, alors qu’ils demandaient le contraire ? « Je n’ai pas eu connaissance du contenu ».

        Jusqu’au feu vert à l’arbitrage, signé par elle-même le 23 octobre : Et bien ce n’est pas elle ! On a utilisé sa griffe dans son dos, d’ailleurs elle était à Washington ce jour là, même si elle répondait à une interview le matin à France Inter et tenait une conférence de presse dans la journée à son ministère.

        Rien vu, rien compris, pas plus informée que l’huissier de son ministère. Cet autoportrait de Christine Lagarde par elle-même devant la Cour de Justice pose un double problème.

        Celui du mensonge, bien entendu, mais aussi de la naïveté. Le mensonge la condamnerait. La naïveté poserait un problème plus général. Ces fameuses personnalités issues de la société civile, et brandies comme des cautions, sont elles des solutions ou des erreurs, des bouffées d’air ou des alibis, des experts ou des Virenque jetés dans des ministères, à l’insu de leur plein gré ?

        France Culture : 7h36 ; France Musique : 8h07 ; Twitter : @huberthuertas