Au fond, le pari de François l’optimiste c’est d’investir dans le pessimisme. Plus ça va mal plus ça ira. A la bourse politique il achète des actions invendables en pensant qu’elles se redresseront un jour. A entendre son interview du 14 juillet, il existerait un décalage entre le pays réel et le pays tel qu’il se vit. Pourquoi pas. En attendant le déclic, le problème de sa deuxième année de mandat, c’est que ses mains continuent d’engager des sacrifices, pendant que sa bouche annonce déjà des bénéfices.
Il est persuadé que ça va moins mal qu’on ne le dit, et qu’un jour, entre le pire qu’on annonce, et le réel que vivront les Français, même si ce n’est pas le paradis, les électeurs le créditeront d’y avoir cru avant tout le monde.
Il se nourrit de quelques signes. La croissance annoncée à 0,2% pour le second trimestre, ce qui est moins mal, le chômage qui a fait une pause ce mois ci, ce qui rend moins folle sa prédiction d’une inversion des courbes d’ici à la fin de l’année, les chefs d’entreprises moins catastrophés, et puis cette idée qu’un cycle de croissance succèdera inévitablement à un cycle de récession…
Il proclame donc, avec son air éternellement joyeux : « La reprise, elle est là », sous les railleries de l’opposition de droite, et dans le scepticisme consterné du Front de gauche et d’une partie des écologistes.
Jusqu’à présent son Op-Ti-Misme inoxydable n’a pas été contagieux, il l’a même desservi. Dans l’opinion, Hollande ne passe pas pour visionnaire mais pour flottant, s’il se dégage du réel pour prendre de la hauteur, l’opinion le perçoit aussitôt comme un ballon d’hélium, sympathique mais détaché du réel. Son pari c’est qu’un jour le réel viendra à lui. Qu’un jour les Français deviendront optimistes, eux aussi, qu’il aura montré le chemin, et qu’ils l’en remercieront.
Nous verrons bien. En attendant, les élections partielles sont perdues une à une, le Front National est à la hausse et il trouve ça très grave, et le moral des Français est plus bas que celui des habitants de certains pays en guerre, s’est il désolé hier.
La limite de l’optimisme hollandais est là, confrontée au réel, et peut-être à sa contradiction fondamentale. Car cette pédagogie qui se désole de la propension de la France à broyer du noir, à s’autodénigrer, sur quoi s’appuie-t-elle quand elle évoque des sacrifices supplémentaires, des impôts nouveaux s’il le faut, ou la réforme des retraites ?
Elle se fonde sur le pessimisme des marchés, leur certitude que l’endettement, les déficits, nous mettent au bord du gouffre. L’année dernière c’était à cause du triple A dont tout le monde se fiche aujourd’hui. Cette année, le gravissime c’est les retraites, mais le message est toujours le même. Ca va très mal, il faut faire quelque chose, d’urgence. Et ce message là, totalement négatif, c’est lui que met en avant François le positif, en invitant à l’optimisme…
France Culture 7h36, France Musique 8h07, Twitter @huberthuertas