A la dure : c’est ainsi que le nouveau président a vécu sa journée inaugurale. Un Hollande de combat, dont le message voulait dire « je suis là envers et contre tous». Et même contre le ciel, la pluie, la grêle, et la foudre.
De la première à la dernière minute d’une journée qui l’a amené de son appartement dans le 15ème à l’Elysée, puis aux tuileries, puis à l’hôtel de Ville de Paris, puis à Berlin, Hollande se sera posé en s’opposant. Il a pris ses fonctions en « liquidant », dans le même mouvement, les deux adversaires de sa campagne présidentielle. Nicolas Sarkozy, qu’il n’a même pas raccompagné, et la vieille image de lui-même, celle du benêt des Guignols de Canal+ (Flanby selon Montebourg, ou fraise des bois selon Fabius)…
Fraise des bois s’est installé sans ciller dans le décorum républicain, les dorures, la revue des troupes, les corps constitués, il a chassé toute trace de sentiment familial ou d’émotion personnelle, et Flanby n’a pas tremblé en prononçant un discours de combat qui a méthodiquement tourné la page du sarkozysme, symbole après symbole, jusqu’à l’hommage à ses prédécesseurs : Un mot pour la trace historique laissée par chacun d’eux, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac qui a servi, a-t-il dit, les valeurs de la République, mais pour Nicolas Sarkozy, en fin de phrase, juste une forme de coup de grâce « Je lui adresse tous mes vœux pour la nouvelle vie qui s’ouvre devant lui »…
En termes républicains, et sans gros mots, on était à deux doigts du « Casse toi… Pauvre Sarko … »
Débarrassé de son adversaire de droite, et de son image d’artisan raccommodeur de porcelaine socialiste, Hollande, devenu solitaire et inaccessible, a pu rappeler à plusieurs reprises sa normalité et sa proximité, désormais combattantes, en plongeant dans des bains de foule. Des bains et des douches, grâce à la météo…
Le dernier acte avec Angela Merkel, le soir, a confirmé cette tonalité de combat. Il n’y a pas eu de tapes dans le dos ni de proclamation d’entente parfaite, mais l’aimable affirmation conjointe qu’on était bien d’accord pour afficher ses désaccords, afin, qui sait, de les dépasser en temps utile.
Sarkozy qui passait en force faisait toujours le coup du charme. Hollande qui ne manque pas de charme a plutôt fait le coup de la force.
Voilà pour les symboles des premières heures, mais désormais « Fini de rire », comme dit le magazine le Point de cette semaine. Le prochain orage qui le guette sera celui des déficits, de la dette, du pouvoir d’achat, et il ne suffira pas de mouiller sa chemise pour y faire bonne figure. Il faudra ouvrir un grand parapluie pour mettre à l’abri la France, et ce genre d’ustensile, si on en juge par les images d’hier, Hollande n’en a pas en réserve…
France Culture 7h36, France Musique 8h07, twitter : @huberthuertas