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Billet de blog 21 mars 2013

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Copé-Pavlov contre le carabinier Ayrault

       C’était Pavlov contre les Carabiniers d’Offenbach cette motion de censure. L’opposition réflexe, à la limite du tic, avec Jean-François Copé, et la majorité emberlificotée avec un Jean-Marc Ayrault tellement statique dans l’explication qu’il a tenu, comme les carabiniers à préciser qu’il avançait...

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       C’était Pavlov contre les Carabiniers d’Offenbach cette motion de censure. L’opposition réflexe, à la limite du tic, avec Jean-François Copé, et la majorité emberlificotée avec un Jean-Marc Ayrault tellement statique dans l’explication qu’il a tenu, comme les carabiniers à préciser qu’il avançait...

       On pourrait s’étonner que le Président de l’UMP puisse, dans un même souffle, reprocher à la gauche d’oser parler de l’héritage alors qu’elle est au pouvoir depuis dix mois, puis proposer, dans la foulée d’abolir les trente cinq heures, ce qui revient à s’attaquer à l’héritage d’il y a quinze ans, celui de Lionel Jospin.

       On pourrait se demander qui a eu la brillante idée de proposer au premier ministre le « Je sais où je vais » repris en boucle dans les télés du soir, alors qu’il s’agissait de prouver sa détermination, de se poser en capitaine de gros temps, en chef, en patron. Mais imagine-t-on Clémenceau, ou de Gaulle, ou Mendes-France, cités hier, s’écrier dans leur discours : « je sais où je vais ! ».  

       « Alors vas-y », aurait répondu l’écho

       Bref. Cette motion de censure était tellement convenue qu’il peut paraitre étrange d’y revenir ce matin.

       Et pourtant elle était importante, parce qu’elle est un signal d’alarme.

       Depuis trente ans deux partis se succèdent au pouvoir, le RPR devenu UMP et le Parti socialiste, chacun des deux arrivant aux affaires en vertu d’un système fermé de vases communicants. Quand l’un perd l’autre gagne, et ainsi de suite. Dès lors, celui qui était l’opposant se met à adopter le discours de celui qui a perdu, c’est le cas du PS depuis dix mois,  sur la TVA sociale ou les retraites par exemple, et celui qui a perdu se met à tenir le discours de l’ancien opposant, c’est le cas de l’UMP, qui se met à adorer les syndicats enseignants ou qui dénonce les fermetures de casernes après avoir procédé, pour les mêmes raisons budgétaires,  à des fermetures de tribunaux.  

       La France, et l’Europe traversent une crise économique et une crise d’identité très grave, ce qui se passe à Chypre est porteur de conséquences très lourdes, et l’assemblée nationale nous sert un face à face convenu, dont le disque est rayé comme un microsillon des années 80.

       C’est là que cet événement exprime ce qu’il n’était pas censé dire. Il devait illustrer la bataille au sommet d’une opposition contre une majorité, mais il souligne que l’assemblée tourne en vase clos, et pour cause. Les deux partis au pouvoir, pourtant dopés par le principe du vote utile, c'est-à-dire par la prime au plus fort, ne représentent pas le pays, ou très mal. Ils totalisaient aux dernières législatives 56% des votants à eux deux, soit un peu plus d’1 électeur sur 2, et 21% des inscrits, soit 1 sur 5.

       Ce n’est pas la France qui s’exprimait dans cette motion de censure, c’est un vieux couple qui rabâchait ses vieilles disputes.    

        France Culture : 7h36 ; France Musique : 8h07 ; twitter : @huberthuertas