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Billet de blog 24 septembre 2012

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Traité européen: non de non, ça recommence !

A une semaine de l’examen du traité européen, deux alarmes pour François Hollande. Premièrement il plonge dans les sondages, la tendance est maintenant lourde, deuxièmement ses alliés refusent très massivement le traité. C’est classique au Front de gauche, très oppositionnel, ça l’est moins chez les écologistes, qui sont au gouvernement.

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A une semaine de l’examen du traité européen, deux alarmes pour François Hollande. Premièrement il plonge dans les sondages, la tendance est maintenant lourde, deuxièmement ses alliés refusent très massivement le traité. C’est classique au Front de gauche, très oppositionnel, ça l’est moins chez les écologistes, qui sont au gouvernement.

       La nouveauté, chez Europe Ecologie, c’est l’ampleur du refus, en gros 70% lors du conseil fédéral de samedi. 70% dans une formation qui est très européenne, depuis toujours, et malgré la présence d’une minorité parfois proche de la gauche radicale.

       Ce score pose naturellement un problème de lisibilité, un de plus, à la majorité socialiste. Quelles contorsions vont devoir réussir les ministres écologistes pour être à la fois solidaire du gouvernement, qui veut ce traité, et de leur parti, qui n’en veut pas.

       Mais il y a plus profond et moins conjoncturel. Le signe d’un malaise qui renvoie en fait au fameux référendum de 2005. A l’époque le « Non » avait été analysé comme une victoire des extrêmes, y compris par les voix modérées qui l’avaient rejoint, par exemple Laurent Fabius : il s’était senti obligé de gauchir son discours, notamment dans la primaire PS de 2006.

       C’était une erreur profonde. Le « non » ne l’avait pas emporté grâce à ses ailes radicales, d’un côté le PC et l’extrême gauche, de l’autre l’extrême droite, qui se sont opposées à toutes les étapes de la construction européenne, depuis toujours, le « Non » était devenu majoritaire parce que des contingents nouveaux avaient signifié leur malaise. C’est l’arrivée d’électeurs modérés qui a fait la différence. Le Non était centriste, mesuré, voire douloureux, et la manière extrême dont les partisans du oui l’avaient accueilli s’était trompé d’adversaire.

       Visiblement, sept ans et plusieurs crises plus tard, le malaise n’est pas apuré et la présentation d’un nouveau traité devant le parlement rallume une partie des passions. Le doute sur le fonctionnement de l’Europe perdure, voire s’étend, y compris chez les partisans de l’Union, en devenant majoritaire chez Europe… Ecologie. Et visiblement les défenseurs des traités n’ont pas changé d’attitude, témoin la réaction de Daniel Cohn-Bendit : « Le conseil fédéral a été nul, dramatiquement nul, totalement incohérent » a-t-il jugé. Une resucée de 2005, quand les partisans du « Oui » invectivaient les électeurs du « Non »…

       Même quand il est émis par des modérés, des écologistes, voire des partisans de l’Europe, le « Non » au traité est encore sacrilège, et toujours assimilé à un refus de nature extrémiste. Au moment où précisément, dans toute l’Europe, les opinions se radicalisent, cette manière de jeter dans le même sac les inquiétudes des modérés et les fureurs de l’extrême droite a peu de chance d’apaiser les esprits.  

      France Musique : 8h07