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Billet de blog 25 octobre 2012

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Et maintenant le Hollande auto-bashing

François Fillon et Jean-François Copé ont bien de la chance. Leur débat télévisé de ce soir, sur le plateau de France 2 pouvait être délicat. Les divisions et les contradictions ne manquent pas dans le camp de l’opposition. Mais le gouvernement est devenu leur allié. Pas un jour sans qu’il n’offre un bâton pour se faire battre.

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François Fillon et Jean-François Copé ont bien de la chance. Leur débat télévisé de ce soir, sur le plateau de France 2 pouvait être délicat. Les divisions et les contradictions ne manquent pas dans le camp de l’opposition. Mais le gouvernement est devenu leur allié. Pas un jour sans qu’il n’offre un bâton pour se faire battre.

       Donc les deux duellistes mènent au grand jour une bataille à huis clos. Le grand jour de la télévision, il peut y avoir ce soir deux, trois, ou quatre millions de téléspectateurs. Mais le huis clos d’une élection interne qui concerne peut-être cent, cent cinquante mille, ou, à l’hyper grand maximum deux cent mille votants.

       Il ne s’agit pas d’une primaire, qui consiste à dégager un candidat susceptible de devenir dans la foulée le président de la république, donc pas d’une élection qui passionne tous les français. Il s’agit d’un congrès à ciel ouvert pour désigner le futur patron de l’UMP, sachant que l’ancien, Nicolas Sarkozy, n’est pas tout à fait parti.

       Les électeurs seront les militants. Ces militants sont réputés plus à droite, plus radicaux que leur état-major, d’où la droitisation de Jean-François Copé et les sorties musclées de François Fillon sur le temps de travail, dont la seule référence deviendraient la limite européenne de 48 heures hebdomadaires.    

       Mais ce soir les deux hommes parleront pour un public classique à 95%, et militant à 5%, ils devront donc polir leur discours tout en l’aiguisant, et le faire sans avoir l’air de lutter l’un contre l’autre, alors qu’ils sont en bagarre.

       Donc un exercice délicat, qui exigera du doigté, et du bras raccourci. Ou plutôt « qui aurait du exiger ». Car le gouvernement, jusqu’au premier ministre, facilite grandement la tâche des débatteurs. Ils n’auront pas besoin de pousser leurs arguments pour critiquer l’exécutif et sa majorité.

       Pas un jour sans que le pouvoir ne se glisse lui-même de peaux de banane sous les pieds, ne s’attende au coin de la rue pour une auto-embuscade, ou ne s’oppose à lui-même dans des débats houleux.

       En vérité nous sommes sortis de l’hyper présidence pour entrer dans la présidence totale, celle qui consiste à faire en même temps le travail de gouvernement et le travail d’opposition.

       La journée d’hier a atteint le zénith en ce domaine. Une loi hautement symbolique retoquée pour un cafouillage de procédure idiot, et dont l’annulation par le conseil constitutionnel a été annoncée par le premier ministre lui-même dans un autre cafouillage.

       Un épisode sans conséquence majeure, la loi sera revotée, si ce n’est qu’il accrédite à lui tout seul un procès redoutable que l’opposition n’a même pas besoin d’ouvrir : celui de l’amateurisme.

       Le pouvoir socialiste étant devenu son propre ennemi, l’opposition l’aura donc belle, ce soir à la télé. Elle choisira son chef tranquillement, et pour l’amener au pouvoir, la gauche fera le reste.      

       France Culture : 7h36 ; France Musique : 8h07 ; Twitter : @huberthuertas