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Billet de blog 27 novembre 2012

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Mittal-Montebourg : l'Etat joue son va-tout

       Mittal contre Montebourg, l’affiche pourrait ressembler à celle d’un match à sensation, elle est contraire un moment important, et grave, des relations entre le pouvoir économique et le pouvoir politique. Un épisode dont l’issue laissera des traces.

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       Mittal contre Montebourg, l’affiche pourrait ressembler à celle d’un match à sensation, elle est contraire un moment important, et grave, des relations entre le pouvoir économique et le pouvoir politique. Un épisode dont l’issue laissera des traces.

       La personnalité, disons chatoyante, de ministre du redressement productif n’est bien-sûr pas pour rien dans le climat qui présidera aujourd’hui à la rencontre prévue entre François Hollande et la famille Mittal. « Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu’ils n’ont pas respecté la France » a lancé Arnaud Montebourg dans l’une de ses formules à l’emporte-pièce qu’il doit ensuite nuancer. Car Mittal ce n’est pas que Florange, c’est un empire mondial qui pèse plus de vingt mille emplois en France, trente mille avec les emplois indirects.

       Donc on trouve d’un côté une famille extrêmement puissante, qui dispose du nerf de la guerre, et de l’autre un état endetté, qui se propose de procéder à une opération dont le nom fait frémir d’horreur les libéraux : une nationalisation provisoire.

       Il y a donc un petit côté David contre Goliath dans ce bras de fer, David « l’état qui ne peut pas tout », comme aurait dit Lionel Jospin, et Goliath plutôt antipathique, qui fait des affaires, qui se soucie peu, ou pas du tout, du sort des hommes et des femmes qu’il salarie, ou qu’il jette par-dessus le bord.

       Il y a aussi un débat, qui dépasse les lignes de la droite ou de la gauche, puisque, par exemple l’ancien conseiller Henri Guaino, l’ancien ministre Thierry Breton, ou le président de l’UDI Jean Louis Borloo, ne sont pas effarouchés par la perspective de nationalisation, si elle devait sauver les emplois par un maintien de l’activité.

       Le débat oppose comme toujours, dans une opposition quasiment théologique, les tenants de l’état et ceux du marché. A l’état on reproche ses échecs parfois spectaculaires quand il s’est aventuré dans le sauvetage des entreprises, on cite généralement le crédit lyonnais, et l’on oublie les réussites, le sauvetage d’air France dans les années 90, ou celui d’Alshtom, quand Nicolas Sarkozy était ministre de l’économie.

       Aux libéraux on reproche une mémoire extraordinairement courte, alors que l’enchaînement des crises, à partir de 2008 a amené les acteurs économiques à appeler les Etats aux secours, et alors qu’un sillage de malheur continue à frapper des millions de gens.

       Dans ce contexte, l’Etat, via François Hollande va donc une fois encore tenter de reprendre la main. Il a intérêt à ne pas se manquer. Depuis que Lionel Jospin a prononcé sa fameuse phrase, il y a un doute irrémédiable sur sa capacité d’action.

       S’il manquait sa nationalisation, alors que le ministre Montebourg l’a si puissamment mise en scène ce ne serait plus « l’Etat ne peut pas tout » mais carrément « l’Etat ne peut rien du tout », sauf brasser de l’air…

        France Culture : 7h36 ; France Musique : 8h07 ; Twitter : @huberthuertas