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Billet de blog 29 mars 2013

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Hollande : bonne présence mais avenir incertain

       Ce qui surprend toujours avec François Hollande, c’est que le mort soit bien vivant. On le donnait à l’agonie, or il occupait le plateau, et ce contraste entre ce qu’on dit de Hollande, via la presse ou les sondages, et l’expression de Hollande par lui-même était à son avantage. Mais on attendait un souffle, à la hauteur de l’anxiété collective provoquée par la crise, et l’on a eu, dans le fond comme dans la forme, une liste de course…

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       Ce qui surprend toujours avec François Hollande, c’est que le mort soit bien vivant. On le donnait à l’agonie, or il occupait le plateau, et ce contraste entre ce qu’on dit de Hollande, via la presse ou les sondages, et l’expression de Hollande par lui-même était à son avantage. Mais on attendait un souffle, à la hauteur de l’anxiété collective provoquée par la crise, et l’on a eu, dans le fond comme dans la forme, une liste de course…

       Commençons par le contraste car il est décidément constitutif des limites et des succès de cet homme étrange, dont on moque en permanence l’inconsistence, et qui occupe, depuis des années, les premiers rôles avec constance.

       On a parlé à son sujet de Hollande bashing, c'est-à-dire de lessiveuse médiatique. Avant lui son prédécesseur avait aussi souffert de la même chose, mais le Sarkozy bashing n’était pas de même nature. L’ancien Président provoquait de l’exaspération, le nouveau déclenche du mépris. On prononce le mot d’ectoplasme à son sujet, ce n’est quand même pas anodin. Il n’aurait pas le caractère et pas l’autorité, d’ailleurs la première et la dernière question, hier soir, ont porté sur ce trait de caractère supposé. Et souvenez-vous, l’UMP le disait en janvier 2012, en se régalant d’avance de sa désintégration, qui n’est pas arrivée.

       Un phénomène voisin s’est reproduit hier soir. La rumeur le disait atomisé, et il était entier.  Il n’est pas sûr que ça fasse bouger les lignes dans l’immédiat, mais le pire n’est pas arrivé. On en était au point où les Français se demandaient s’ils avaient un président, il se trouve qu’ils en ont un, qui vaut ce qui vaut, mais qui est là.

       Hollande est donc plus dense que le Hollande des commentaires, mais a-t-il pour autant tenu un propos à la hauteur de la situation, c’est l’autre question de la soirée, et la réponse est nettement moins favorable. Est-ce qu’à force de parler de tout, bien sagement, point par point, deux minutes par question, en vrac le chômage, le mariage, la fiscalité, la relance, l’austérité, les retraites, la rigueur, le Mali, la Syrie, le raton laveur des 75%, on ne parlait pas de rien. C’était le danger, et le risque, dans ce catalogue de la redoute présidentielle, c’est que le consommateur électeur ne retienne pas d’idée majeure.

       On l’attendait sur l’Europe, car c’est là que tout se joue, et il a eu des mots assez forts : « Nous devons aller vite. Prolonger l’austérité c’est la certitude d’avoir des gouvernements impopulaires dont les populistes ne feront qu’une bouchée… »

       D’accord docteur, diagnostic impeccable, mais quel est le médicament. Réponse : la boite à outil… Mais quand fera-t-elle effet ? Dans deux ans.

       Donc des promesses… Il y a peu de chance, en attendant le beau temps, que le brouillard se dissipe…

       France Culture 7h36 ; France Musique 8h07 ; Twitter : @huberthuertas