Ce matin, j'ai entendu à la radio une information selon laquelle les banques ont décidé d'augmenter les taux d'intérêts de leurs prêts, non pas par suite de la hausse du taux auquel elles empruntent, mais simplement pour réduire le nombre de dossiers qu'elles ont à traiter.
En effet, compte-tenu de ce que les taux d'intérêts sont historiquement bas, les banques ont actuellement à traiter de nombreux dossiers de refinancement, outre les dossiers d'acquisition, ce qui engorge leurs services et rallonge les délais de traitement des dossiers de prêts destinés à l'acquisition.
On aurait pu penser que, afin de ne pas pénaliser les vendeurs et de participer à la relance économique, et alors qu'elles ont bénéficié d'aides de l'Etat (et l'Etat c'est nous, ne l'oublions pas) lorsqu'elles étaient en difficulté, les banques auraient décidé d'embaucher du personnel supplémentaire, plutôt que de réduire le volume de dossiers à traiter.
Cela semble logique, sauf pour les banques.
L'une des intervenantes au reportage expliquait par ailleurs que, compte-tenu du rallongement des délais de traitement des dossiers de prêts destinés à l'acquisition, il fallait bien que le vendeur accepte que le délai d'obtention du prêt prévu dans le compromis de vente soit de trois mois ,alors qu'il est en général de 45 jours.
C'est ignorer totalement que, derrière chaque dossier de vente et d'acquisition, il y a un projet de vie, une rupture, une mutation professionnelle, une naissance, un décès… et que l'obtention de l'offre de prêt est l'élément principal qui déterminera si oui ou non l'opération liée à cet événement, heureux ou malheureux, se réalisera.
Demander au vendeur de rallonger les délais d'obtention de prêt par son acquéreur, c'est le laisser dans une incertitude pouvant conduire à des conflits, soit familiaux, soit entre vendeur et acquéreur. Et cela n'est pas une vue de l'esprit.
Demander au vendeur de rallonger les délais d'obtention de l'offre de prêt, plutôt que de trouver la solution pour réduire ces délais, est une façon de nier sa propre réalité.
Demander au vendeur de rallonger les délais d'obtention de l'offre de prêt, c'est demander à quelqu'un qui est étranger à la relation existant entre la banque et l'emprunteur de prendre à sa charge le risque lié à l'obtention du prêt.
Il serait donc temps que le système bancaire s'humanise quelque peu en prenant conscience que, derrière chaque dossier, il y a des individus, des événements, des projets, et non pas simplement un produit financier.
Ceci n'est pas une mise en cause des employés des établissements bancaires, qui le plus souvent subissent une organisation bicéphale et pyramidale, séparant l'organe de prise de renseignements de celui de prise de décision, mais une mise en cause de l'organisation même du système bancaire, dont la présente note n'est qu'une illustration parmi d'autres.