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Billet de blog 10 février 2015

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SWISSLEAKS: HSBC, IGF: MEME COMBAT?

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SWISSLEAKS: HSBC / IGF , MEME COMBAT ?

Il serait surprenant que la question posée appelle une réponse positive.

En effet, il serait totalement inconcevable que l'Inspection Générale des Finances, qui assure une mission générale de contrôle, d'audit, d'étude, de conseil, et d'évaluation en matière administrative, économique et financière, puisse avoir des intérêts mêlés à ceux d'un établissement bancaire international, surtout lorsqu'il s'agit pour celui-ci d'organiser la fraude fiscale.

On ne saurait en effet imaginer que les membres de cette inspection, sous l'autorité du ministre de l'Economie, puissent être confondus avec ceux dont l'une des activités occulte est précisément d'inciter des ressortissants français à transférer leurs fonds à l'étranger, de façon illégale, afin de frauder l'administration fiscale française.

Ceci étant admis, il est toutefois regrettable de constater que, au titre des dirigeants de cet établissement bancaire de renom qu'est la BANQUE HSBC, figurent des personnes issues de cette noble institution qu'est l'Inspection Générale des Finances, ou qui ont effectué un passage au Ministère des Finances. Et ce d'autant plus que ce n'est pas la première fois que cet établissement est à l'origine de scandales financiers, tels par exemple que la manipulation des taux de change en 2013(sur ce point, voir article Swissleaks sur le blog CADTM).

Rappelons tout d'abord que l'affaire SWISSLEAKS porte sur une courte période, s'écoulant de novembre 2006 à mars 2007.

Au titre des personnes en exercice à cette époque dans la BANQUE HSBC on retrouve Jean BEUNARDEAU, ancien élève à l'Ecole Polytechnique, qui a commencé au Ministère des Finances, à la Direction de la Prévision, puis à la Direction du Trésor. Il rejoint HSBC FRANCE en 1997, dont il est nommé Directeur Général Adjoint en 2005 et prend en 2007 la direction de la banque de financement, d'investissement et de marché HSBC FRANCE.

Gilles DENOYEL, diplômé de l'IEP et de l'Ecole Nationale d'Administration, nommé inspecteur des Finances au Ministère de l'Economie et des Finances en 1981, rejoint la Direction du Trésor en 1985, et rejoint HSBC FRANCE en 1996. En 2004, est nommé Directeur Général Délégué en charge des fonctions centrales et financières. En janvier 2006, il est nommé Directeur Général Délégué de HSBC France en charge du métier de gestion d'actifs, des activités d'assurance, et des fonctions centrales non financières. Depuis septembre 2007, est en charge de l'ensemble des fonctions de risques et de contrôles, et a également la responsabilité des relations avec les autorités de régulation.

Charles Henri FILIPPI, ancien élève de Sciences Po, sorti de l'ENA en 1979 à l'Inspection Générale des Finances, dirige la filiale française de HSBC (qu'il a intégrée en 2000), de 2004 à 2007.

Christophe de BACKER n'est quant à lui pas passé par le Ministère de l'Economie ou l'IGF, puisqu'il est diplômé de l'Institut Supérieur de Gestion. Il est nommé Directeur Général Adjoint d'HSBC France en 2001, chargé de la gestion d'actif et de l'assurance. En septembre 2005, il a été nommé Président du Directoire de HSBC PRIVATE BANK FRANCE, puis en 2007, nommé Directeur Général  Délégué de HSBC FRANCE pour rejoindre récemment, en 2012, le Groupe Edmond de Rothschild.

S'il faut bien évidemment s'abstenir d'effectuer des amalgames entre les fonctions passées d'une personne et sa présence dans les organes de direction d'un établissement bancaire ayant massivement pratiqué la fraude fiscale, on peut néanmoins s'étonner d'une certaine conjonction des données de ce dossier qui conduit parfois à s'interroger sur le bienfondé de la porosité existant entre les fonctions publiques et privées de certaines personnes qui, après avoir exercé dans la fonction publique, se reconvertissent dans le privé, pour dans certains cas repartir dans le public, pour ensuite....En se constituant dans chaque fonction un carnet d'adresses ou un réseau qui, aussi légitimes soient-ils, peuvent laisser perplexe.

Ce sentiment est renforcé à la lecture du rapport parlementaire rendu dans l'affaire HSBC puisque le rapporteur s'y étonne d'une part que "bien que Monsieur FALCIANI a dès l'origine contacté les services de la police judiciaire française (la DNIF), il a été mis en relation  avec les services de l'Administration Fiscale, ce qui a retardé les poursuites judiciaires", et d'autre part que le dossier ait été transféré de Nice vers Paris, à la fin de 2010.

Il apparaît donc de l'intérêt des services de l'Etat que l'enquête détermine de façon incontestable et définitive que les anciens fonctionnaires passés par le Ministère de l'Economie et l'Inspection Générale des Finances  sont totalement étrangers à ces opérations, faute de quoi ce seront ces services tout entiers qui risquent d'être décrédibilisés par une assimilation que nous ne saurions faire.

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