FRANCOIS HOLLANDE APPELLE A L'UNITE NATIONALE: ET S'IL RENONCAIT A SES REFORMES?
Lors de sa présentation des voeux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi à l'Elysée, le chef de l'Etat a appelé les partenaires sociaux" à être à la hauteur de la réaction des Français aux attentats qui ont ensanglanté Paris ", "faisant valoir que le peuple français a su répondre à l'agression dont il était la cible par une mobilisation républicaine sans précédent".(Le Figaro du 19/01/2015).
Que voulait dire par là le chef de l'Etat?
Très certainement, qu'il était souhaitable que l'ensemble des acteurs économiques et sociaux soient derrière le gouvernement pour toutes les réformes actuellement en cours, au nom de l'intérêt général.En clair, qu'ils cessent de contester les réformes en cours.
Cet appel est-il opportun et justifié?
Opportun, certainement pas, car si le Chef de l'Etat doit appeler à l'unité nationale, c'est à l'ensemble des français que cet appel doit être lancé, par rapport à une menace concernant directement cette unité, et non pas à l'égard d'une catégorie de français (qu'il s'agisse d'une catégorie profesionnelle, sociale, culturelle, confessionnelle ou autre), et par rapport à un problème sociétal, et non un problème économique, social , juridique ou même religieux.
Justifié, certainement pas non plus, car qui peut se permettre, en ces moments troubles, prétendre détenir la vérité sur des questions dont la réponse n'est pas universelle, comme peut l'être - et doit l'être- la réponse au terrorisme ?
Pourquoi alors les chefs d'entreprise ne seraient-ils pas eux-mêmes en droit d'exiger du chef de l'Etat qu'il renonce -temporairement au moins, le temps de retrouver la sérénité nationale- à ses réformes qui divisent les français en les montant les uns contre les autres?
Je ne connais personne, que ce soit parmi les chefs d'entreprise ou leurs employés, qui ne se soit pas senti directement concerné par l'attentat contre Charlie Hebdo. Beaucoup d'entre eux ont défilé dans les différentes villes de france pour défendre leurs convictions face au terrorisme. Et c'est bien avec la même force -même si l'objet de leur défense est très différent d'une question à l'autre - qu'ils défendront leurs convictions face à des réformes qu'ils perçoivent comme étant mortifères pour notre société. Car dans un cas, il s'agissait de défendre une société, dans l'autre cas il s'agit de défendre un type de société, et si la défense de celle-ci passe nécessairement par la défense de celle-là, l'inverse n'est pas vrai.
Ce n'est pas parce que je me sens Charlie que je dois tout accpeter au nom de l'unité nationale.