ibarberis (avatar)

ibarberis

Abonné·e de Mediapart

8 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 avril 2022

ibarberis (avatar)

ibarberis

Abonné·e de Mediapart

Marine Le Pen: pour une culture de la "pétrification"?

Le programme de Marine Le Pen ne comporte pas de volet « culture », mot vil et déconsidéré par le Rassemblement national, qui le remplace par le terme – noble mais ici dévoyé - de « patrimoine ».

ibarberis (avatar)

ibarberis

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Maladresse ou aveu (ridicules dans les deux cas), les premiers mots du projet « patrimoine » de Marine Le Pen proposent sans ciller une vision « pétrifiée » de la culture : « Le patrimoine est notre histoire pétrifiée, au sens premier de cet adjectif ». Une telle vision exclut le patrimoine de la culture, et la culture du patrimoine…

L’extrême-droite remplace la culture comme dynamique de partage par l’identitaire comme immobilisme protectionniste; elle remplace l’éthique universaliste de la rencontre par le « choc des civilisations » et le repli maladif. L’Appel de Fréjus (2017) alertait déjà sur la manière dont les villes conquises par le RN pratiquaient un maccarthysme territorial, une politique d’épuration des bibliothèques et de définancement des projets culturels. C’est ce à quoi nous devons nous attendre en cas de victoire du RN : une cancel culture… au nom de la lutte contre la cancel culture (qui s’observe déjà en Russie, en Hongrie).

La droite populiste et identitaire s’échine depuis longtemps contre le « marxisme culturel », un mantra réactionnaire déjà exploité par Trump, qui vise à détruire l’art et la création en avançant que les milieux culturels relèveraient d’un grand « complot de gauche » contre la société. Car le complotisme a aussi ses produits dérivés dans la culture, ou plutôt contre la culture.

La Nouvelle droite s’est spécialisée dans une approche culturaliste du politique, défendant l’homogénéité « culture-race-territoire », cultivant un symbolisme douteux, fétichiste, émotif, s’adressant aux pulsions primaires d’identification.

 La culture n’est donc pas absente du projet de Marine Le Pen ni des droites ultras, puisque leur projet reste fondé sur le « choc des civilisations », et marginalise le politique au profit d’une vision identitaire et culturaliste de la société. Mais – et l’absence du mot haï « culture » l’illustre bien, – la culture, comme espace de rencontres, de création, d’invention,  reste l’ennemi fantasmé d’une extrême-droite uniquement capable de la louer en tant que « pétrification ». Voilà qui fait envie !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.