Ce début d'année commence par nombres de nouvelles parfois bonnes, parfois mauvaises. Je poursuis l'écriture de ce blog autant pour m'aider à penser que pour partager mes idées.
De nombreux articles ont déjà été écrits sur la proposition de M. Hollande autour de la déchéance de nationalité.
Cette proposition est dangereuse et absurde à plus d'un titre; l'idée que cela puisse être un paravent masquant d'autres projets n'est pas non plus à exclure et cela n'en est que plus grave. Parmi ces autres projets, on peut penser à la prochaine loi sur la sécurité, à la partie "état d'urgence" de la révison constitutionnelle ou aux dernières propositions du gouvernement sur le plan économique comme la réforme du code du travail ...Cette proposition est une vraie mauvaise nouvelle. Elle s'inscrit malheureusement dans la continuité de l'instauration de l'état d'urgence pour 3 mois et dans la continuité de certains abus afférents : interdiction de manifester -- au moment de la COP21 et toujours d'actualité -- assignations à résidence et perquisitions brutales d'opposants politiques de tendance écologique.
Du côté de l'état d'urgence justement, la résistance s'organise petit à petit et c'est une bonne nouvelle : visibilité médiatique plus importante des opposants à cette mesure (cf. lemonde.fr), publications de nombreux appels à sortir de cet état d'exception (ici, là ou là par exemple - proposez vos liens dans les commentaires) ; constitution lente de comités de citoyens (via le Conseil d'urgence citoyenne ). Leur site web ne semble pas encore opérationel mais une page facebook est en place.
Et cette question qui revient : comment créer/rejoindre un comité local ? Si je suis tout seul cela n'a que peu d'intérêt mais si j'attends que le comité se crée autour d'institutions/d'associations/de personnalités plus militantes, il risque de ne rien se créer ou cela risque de ne plus être citoyen. Surmonter ma peur et me lancer paraît l'unique voie pour essayer de joindre ceux qui sont géographiquement proches ; quitte à rejoindre d'autres comités après avoir pris connaissance de leurs existences.
Des comités certes mais pour quel action ? La dénonciation des abus est bien sûr un objectif ainsi que le dévoilement de l'inutilité de la mesure quant à la lutte contre le terrorisme (entre 1 et 5 mises en accusations liées au terrorisme pour plus de 3000 perquisitions, faible taux d'informations en provenance de la DGSI, etc). Cependant, mettre en mouvement une mobilisation publique exigeant la fin de l'état d'urgence et/ou son non-renouvellement (qui vient d'être évoqué par le pouvoir) me semble essentiel. Cela pourrait commencer localement par un rendez-vous hebdomadaire dans un espace publique symbolique (rue, place, etc.). Cela serait aussi l'occasion de discuter avec d'autres avec l'espoir de leur faire partager cette inquiétude. (Il y a un appel pour le 3 février).
Un troisième moment politique de ce début d'année est cet appel pour une primaire "de la gauche et des écologistes". Les arguments pour et contre me semblent là aussi avoir été déjà très bien présentés (cf les billets de M. Mamère, M. Corbière ou de Mme Fraysse). Si le résultat revient à donner un blanc seing à M. Hollande, M. Valls ou M. Macron pour continuer leur politique cela n'a pas d'intérêt. S'il s'agit de désigner un autre vieux routard de la politique comme M. Mélanchon, Mme Duflot ou M. Cohn-Bendit (sur la base de quel programme?) cela n'a pas beaucoup plus d'intérêt. La dernière fois qu'un "outsider" est sortie d'une primaire, je pense à Mme Joly, son propre parti a flingué sa campagne ... Je rêve pourtant que cette initiative ouvre un autre possible dans l'espace politique où les citoyens peuvent et veulent s'impliquer parce que leur voix est prise en compte. Quant aux choix d'un candidat ou d'une canditate, la société civile ne manque pas de personalités qui l'honorent.
Qui convaincre de se lancer dans l'aventure ? Proposer des noms et argumenter ces propositions mériterait un billet. Qu'en pensez vous ?
Faut-il pour autant exclure des personalités politiques ? (Comment se fait-il qu'il soit si naturel de distinguer ces deux catégories ?)
Ceux qui répondront oui à cette question avec l'argument d'un "tous pourris" plus ou moins marqué font à mon avis preuve d'une grande intolérance en assignant des individus dans les pires stéréotypes de leurs catégories. En écho au rejet (évoqué par M. Falempin) des "partis politiques" dans la société civile, certains commentaires aux billets de Mme Attard ou de Mme Romagnan sont simplement violents (et sans argumentation) alors que leur vote contre l'instauration de l'état d'urgence montre une indépendance et une volonté qu'ont peu de leur collègues. Au delà de cet unique vote, leur fiche wikipédia (ici et là) ne semble pas justifier un tel traitement. Sans vouloir en faire des oies blanches, j'aimerais juste que l'aversion (parfois justifiée) pour une partie du monde politique ne nous enferme pas dans un rejet aveugle et indifférencié. S'il existe un chemin citoyen construisant le projet d'une autre société, celui-ci doit être ouvert à tous ceux qui veulent et s'engagent pour le changement. Il ne peut commencer par l'exclusion ; ce serait un bien mauvais signe.
Remarques en guise de conclusion:
Sur l'état d'urgence
- Je m'interroge sur l'opportunité de créer un comité local du Conseil d’urgence citoyenne à Essen, en Allemagne. Des remarques ?
- N'hésitez à donner/commenter les textes/appels/groupements qui s'opposent à l'état d'urgence et que vous appréciez ou soutenez ou auxquels vous participez.
Sur la "primaire"
- Une question très ouverte : comment s'assurer que la primaire à gauche débouche sur un grand mouvement alternatif ?
- Avez-vous des liens à proposer concernant cet appel à une primaire à gauche : comment veulent-ils construire ce programme "commun" ? Peut-on déjà participer ? etc.
- Que pensez-vous de faire une édition ou un billet proposant des candidats et des candidates possibles et argumentant sur leur mérites respectifs ?
Ismael