En mai dernier, l’Institut Montaigne, boîte à idée des gouvernements macronistes successifs et porte-voix du néolibéralisme en France, publiait un rapport destiné à fournir des arguments en faveur de l’explosion des frais d’inscriptions dans les formations scientifiques et techniques. Elle y est présentée comme le principal levier pour former plus d’ingénieur·es en France (la dégradation des conditions d’étude, avec plus d’élèves par professeur·es, étant le second levier) tout en veillant à « ne pas creuser les déficits publics »[1]. Les modélisations proposées, justifiées par la comparaison avec les écoles de commerce et censées dégager entre 440 et 870 millions d’euros par an, incluent des frais d’inscriptions minimaux multipliés par 4 pour les BTS et par 10 pour les écoles d’ingénieur·es, ainsi qu’un surcoût de 50 % imposé aux étudiant·es internationaux·ales. La vision ultralibérale qui irrigue ce texte réduit les objectifs de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) à la production de salarié·es et de savoirs adaptés aux exigences du secteur privé, et présente les étudiant·es comme des client·es, disposé·es à payer plus cher un produit qui leur ouvrira des carrières plus rémunératrices.
Ce rapport offre une synthèse de l’idéologie partagée par celleux qui ont gouverné l’ESR en France ces 4 dernières décennies [2]. Il prend toute sa place dans l’offensive menée depuis plusieurs années par les gouvernements libéraux successifs, les directions d'établissements et leurs soutiens (grandes entreprises, hauts-fonctionnaires et acteurs de la finance) pour augmenter les frais d’inscriptions de l’éducation supérieure en général, et des formations techniques et scientifiques en particulier. Aujourd'hui, cette dynamique de marchandisation des diplômes s’apprête à franchir un nouveau palier, encouragée par l’austérité budgétaire du gouvernent Bayrou. Pour y faire face, nous, étudiant·es ingés et allié·es, appelons toutes celleux qui aspirent à une réelle démocratie technique, scientifique et universitaire à nous rejoindre pour s’y opposer par tous les moyens, en commençant par une participation résolue au 10 septembre.
Un rapide constat : une offensive généralisée pour l'augmentation des frais d'inscriptions en école d’ingé
Quasi-gratuites (entre 100 et 500 euros maximum par an) depuis leur fondation, les écoles d'ingénieur·es publiques ont connu en quinze ans une véritable explosion de leurs droits d'inscription, multipliés par 3, 4, 5 voir 10. Ce processus s'est déroulé de façon progressive et différente selon les écoles, et a entraîné dans son sillage les écoles privées (aux frais à l'origine beaucoup plus élevés). Reconstituer son histoire est la première étape pour comprendre ses fondements, lutter contre lui et proposer une alternative : nous développerons dans un autre article, plus complet, ses phases et son ampleur.
Premières attaques (2011-2018)
Les premières écoles à être la cible d’augmentation de droits furent celles qui dépendent du ministère des Armées, dès 2011, avec un doublement des frais d'inscription à l'ENSTA Paris et à l'ISAE-SupAéro passés presque inaperçu. En 2014, ce sont au tour des écoles du groupe Mines-Télécom et de l’ENPC (dépendantes du ministère de l'industrie et de l’écologie) de faire passer leurs frais de 850 à 1850 euros par an, tandis qu'un montant différent est introduit pour les étudiant·es internationaux·ales : 3850 euros/an ! Ces changements sont alors justifiés par la baisse de la subvention pour charges de service public (SCSP) et de la part de la taxe d'apprentissage versées par l'Etat aux écoles d'ingénieur·es, ainsi que par les salaires confortables obtenus à la sortie de ces écoles. L'année suivante, les pouvoirs publics profitent de la fusion entre Centrale Paris (publique) et Supelec (privée) pour conserver les tarifs de la seconde, beaucoup plus élevés : les frais d'inscriptions sont donc multipliés par 4 d'un coup, passant de 600 à … 2250 euros / an !
La cible suivante sera les écoles centrales, sous tutelle du ministère de l’Économie, et elles passent à partir de la rentrée 2018 de 650 à 2500 euros minimum. Ainsi, une étude de Newstank sur la période 2012-2017 montre que l'évolution moyenne de +17% des frais d'inscriptions en école d'ingé est principalement portée par ces écoles sous tutelles de ministères dits "techniques" (Défense, Agriculture, Industrie, Écologie, Économie ou Finances), qui monopolisent le top 5 des augmentations les plus spectaculaires.
Intensification et résistances (2018-2025)
Confortée par ces quelques tentatives réussies, ainsi que par l'arrivée au pouvoir d'E. Macron, partisan revendiqué de l'augmentation des frais d'inscriptions et du néolibéralisme dans l'ESR[3], cette offensive va alors pouvoir s’accélérer et s'étendre à un autre segment des écoles d'ingénieur·es publiques, celles sous tutelle du ministère de l'enseignement supérieur et de la Recherche (INSA, Polytech, INP, Arts et Métiers, etc). En parallèle, les écoles qui ont déjà connue une première augmentation poursuivent également sur leur lancée, comme si la première fois avait libéré les vannes.
Le gouvernement instaure à cette époque des "dialogues de gestion" très réguliers entre les ministères et les directions de chaque école, afin de conditionner leurs financements publics à leur adoption de la politique stratégique et budgétaire qu'il défend. Sa principale demande, l'augmentation des frais, est soutenue par la CDEFI[4] et justifiée par la Cour des Comptes dans un rapport de 2016 au nom de la compétition internationale, de la baisse des subventions publiques, des bons salaires à la sortie des écoles …
A l'inverse, dès cette époque, les associations d'alumni, les chercheurs, les organisations étudiantes (l’UNEF dès les années 2000, dans ses classements des frais illégaux dans l’ESR, mais aussi la FAGE, le BNEI, etc.) ou syndicales (comme la Ferc-Sup CGT) dénoncent fermement cette dynamique scandaleuse. Dans les années suivantes, les conflits et les mobilisations dans les écoles vont se multiplier, sans parvenir à l'enrayer.
En 2019, à Grenoble INP, une large mobilisation des étudiant·es allié·es aux personnels enterre un projet d'augmentation des frais. En 2021, ce sont les étudiant·es des Arts et Métiers Paris (ENSAM) qui dénoncent la motion votée par leur conseil d'administration (où siègent des représentants de multinationales comme Dassault ou Hermès) pour demander à son ministère de tutelle une augmentation des frais d'inscriptions. Leur pétition atteindra 10 000 signatures et leur mobilisation (soutenue par le BNEI) en faveur de l'ouverture sociale de leur études fera reculer la direction, désavouée par la ministre après une question écrite de la sénatrice communiste Eliane Assassi.
La même année, c’est au tour de la direction du groupe INSA (10 % des étudiant·es ingénieur·es de France) de proposer une "réforme du modèle social" qui vise à introduire des frais d’inscriptions différenciés selon les revenus des parents, mais qui aboutit surtout à leur augmentation globale. A nouveau, c’est une mobilisation massive des étudiant·es et des personnels, regroupés dans le collectif INSA vous fait les poches et soutenu·es par leurs élu·es, qui fera reculer la direction et le ministère.

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L'augmentation des frais d'inscriptions plane également sur d'autres conflits majeurs survenus dans les écoles d'ingénieur·es durant cette période, et eux aussi suscités par les projets néolibéraux des directions. Ainsi, l'annonce en 2022 de l'intégration de Toulouse INP au sein du groupe Centrale, dont le principal but était de multiplier les frais d'inscriptions par 3 en changeant de tutelle administrative, provoque immédiatement la colère et l'opposition dans les écoles et les labos. Après 2 ans de manoeuvres et de violence de la part de la direction qui auront brutalisé les personnels, et surtout d'une lutte collective intense, le projet est abandonné suite à la victoire de ses opposants aux élections internes.
Une lutte qui ne fait que commencer
Rien ne dit que cette offensive ne s'arrête là : au contraire, elle concerne ou va concerner toutes les écoles (privées ou publiques), et ne semble pas avoir de limite, comme le suggère le rappel constant par ses promoteurs de l'écart restant entre le "coût réel" d'une formation et le "prix" payé par l'étudiant·e, ainsi que les comparaisons systématiques au modèle anglo-saxon.
Dans les écoles du groupe Mines-Telecom, les frais d'inscriptions sont d’ores et déjà placés sur une nouvelle trajectoire d'augmentation de +30% entre 2024 et 2027 par décision du ministre Bruno le Maire, pour atteindre de 3400 à plus de 4800 euros par an. Mais toujours pas d’inquiétude à avoir pour celleux qui ne peuvent payer de telles sommes : "l'école réfléchit à la possibilité, pour ces élèves boursiers de l'IMT-BS, de financer leurs frais de scolarité par des prêts bancaires."[5] Dans un jeu malsain où les augmentations des uns justifie celle des autres, les dirigeants d'écoles affiliées aux réseaux INSA et Polytech expriment ouvertement leur impatience à entrer dans la danse à leur tour. La CDEFI continue de également de le revendiquer, en s'appuyant sur l'austérité budgétaire sans cesse creusée par les gouvernements successifs, comme dans ce communiqué évasif mais catégorique publié le 16 juin dernier et relayé par la presse. Surtout, nous savons de source sûre que l’arrêté[6] limitant les droits d’inscriptions dans les écoles d’ingénieurs sous tutelle du MESRI s’apprete à être supprimé, pour laisser libre cours à leur explosion.
Ainsi, les fortes résistances locales qu'elles ont suscitées n'ont pas réussie à enrayer cette dynamique. Face à une classe dirigeante unie et coordonnée, ministères et directions d'écoles au premier rang, nos luttes ont souffert de leur dispersion, éclatées dans chaque écoles, et du renouvellement permanent de la population étudiante rendant difficile leur transmission. C'est pourquoi nous nous structurons aujourd'hui en collectif national, ouvert à tout·tes et horizontal : Ingé·es Sans Frais, appuyé par la fédération Ingénieur·es Sans Frontières.
La focalisation sur les droits d'inscriptions nous a également empêché de mettre à jour le projet général qui se cache derrière, qui englobe nombre d'autres mesures et concerne toutes les filières d'études et tout·es les citoyen·nes. Rejetant toute posture corporatiste, nous affirmons d'emblée que les droits d'inscriptions dans les écoles d'ingés ne sont que l'un des points saillants, à notre échelle, d'une politique néolibérale de l'ESR, dont les coups les plus violents ont d’abord frappé les universités, les étudiant·es internationaux·ales et la recherche, et qu’il nous faut comprendre et combattre dans son ensemble.
Le projet néolibéral pour l'ESR : concurrence, "excellence", profits
"Il n’y a rien à espérer du budget de l’État qui soit à la hauteur des besoins (sauf de vaines promesses). Les entreprises et la classe dirigeante française se méfient de l’université. Il ne reste que la contribution des ménages. Il faut donc augmenter les frais d’inscription. Un étudiant coûte entre 8000 et 15000 euros par an. Cela donne l’ordre de grandeur des frais vers lesquels on irait : entre 4000 et 8000 euros par an et par étudiant, avec un taux de subvention publique d’au moins 50%." Robert Gary-Bobo, novembre 2016
Ces mots ont été entendus d'innombrables fois dans les conseils d'administration d'écoles d'ingés au moment de défendre la proposition d'augmenter les frais d'inscription. Ils proviennent pourtant d'une note confidentielle envoyée durant la campagne présidentielle à Thierry Coulhon, conseiller d'E. Macron pour l'ESR jusqu'en 2020, puis président du HCERES jusqu'en 2023. Si cette note (et l'ouvrage qui la développe), consacrée à l'université et surtout connue pour la brutalité de ses propositions et de son ton, nous semble si familière, c'est parce que le programme néolibéral qui l'inspire est le même que celui qui s'abat sur les écoles d'ingénieur·es, et sur le reste de l'ESR en France et dans le monde[7].
Il repose sur une vision extrêmement négative du système universitaire public "classique", gratuit et ouvert à tou·tes, structuré par disciplines et diplômes nationaux, articulant recherche et enseignement grâce à des fonctionnaires au statut protégé, gouvernés par la démocratie universitaire et l'autonomie de la science. Ce dernier serait inefficace et dispendieux (car public), injuste (car la société paye pour quelques un· es) voir néfaste (car il empêche la régulation par la concurrence « libre et non faussée »), hors-sol et coupé des besoins de l'économie capitaliste.
Pour le transformer, les solutions préconisées recommandent de concentrer les financements de l’ESR sur quelques pôles "d'excellence", qui ont vocation à trouver leur place dans les classements internationaux comme celui de Shanghai, et sur les domaines qui promettent le maximum de "croissance", d'"innovation", c'est-à-dire de profits. Les autres établissements et disciplines, paupérisés, doivent graduellement être transformés en collèges universitaires (ne proposant que des licences et des savoirs appliqués, dans une logique utilitariste de "professionnalisation") en grande partie financés par des frais d’inscription dérégulés, eux-mêmes payés grâce à des prêts étudiants et/ou à du travail précaire. Les établissements, les enseignant·es-chercheur·euses et les projets de recherche doivent être mis en concurrence sur la base d'indicateurs métriques (nombre de publications par exemple) pour obtenir des budgets (en permanente diminution), ces derniers étant fléchés par "programme" auxquels candidater et non plus alloués directement aux acteurs. Les statuts doivent être brisés, particularisés, ramenés à ceux du salariat privé. Les chefs d'établissements sont appelés à concentrer plus de pouvoir au détriment des composantes de l'Université et de ses usager·es. Dans son ensemble, l'ESR doit se rapprocher, voir se mettre au service, des intérêts des acteurs économiques, que ce soit dans les formations, la recherche ou la gouvernance. Enfin, l’État doit accompagner l’essor d’un enseignement supérieur privé lucratif.
Ce catalogue des horreurs est méthodiquement mis en œuvre depuis plus de 20 ans en France. Dès 2002, la réforme licence-master-doctorat engageait l’université dans ces logiques « mercantiles, individualistes et à courte vue »[8], avant que la désastreuse loi « LRU » votée en 2007 n'accélère le processus. Les dégâts qu’elles causeront serviront de prétexte à son intensification et à l’introduction de la sélection à l’université (loi ORE de 2018), ce qui déclenche l’un des mouvement étudiants les plus puissants de ces 40 dernières années. La loi LPPR suivra en 2020, ainsi que la détestable loi « Bienvenue en France », qui multiplie les droits d’inscriptions des étudiant· es étrangèr· es. Aujourd’hui, c’est jusqu’à l’UNESCO qu’on s’inquiète de la disparition du droit à enseignement supérieur en France … Nous reviendrons dans d’autres articles sur l’histoire et la logique du projet néolibéral pour l’ESR, sur les luttes qui l’ont affronté et sur les revendications que nous lui opposons : la démocratie technique, scientifique et universitaire.

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Contrer les arguments bidons des directions
A la lumière d’une critique de cette idéologie, la faiblesse et la partialité des arguments avancés pour justifier les augmentations de frais apparaîssent en plein jour. On peut alors leur opposer nos propres aspirations : celles de la démocratie technique, scientifique et universitaire.
Loin d'être un fait naturel et inévitable auquel nous ne pouvons que nous adapter, la réduction des financements publics pour l'ESR est un véritable choix politique, qui a justement pour but de marchandiser le savoir en encourageant la tarification des formations, le développement des prêts étudiants et la concurrence entre établissements, bref la privatisation de ce secteur. Il existe pourtant d’évidentes sources de financements possibles, bien plus justes à tout point de vue, que ce soit en dépenses inutiles ou en recettes ignorées. Nous proposons un financement public total étendu de l’ESR, dont il a été maintes fois démontré qu’il était collectivement moins coûteux et beaucoup plus efficace.
Partout où il a été expérimenté, le système néolibéral a abouti à des désastres, mais ni la réalité, ni les innombrables travaux scientifiques qui ont démontré son absurdité ne peuvent le contrer : il répond à une logique dogmatique et/ou intéressée, car il ouvre de solides perspectives de profits ou de carrières pour quelques uns. C’est pourquoi il a tant besoin de la dissimulation et de la force pour s’imposer : contre l’autoritarisme des directions et des ministères, la place illégitime accordée aux entreprises privées et la mise sous tutelle de la recherche, nous revendiquons l’autonomie réelle des chercheur·euses et des étudiant·es, et l’élaboration démocratique des décisions dans et sur l’ESR.
Il n'y a aucune "justice" à faire payer les étudiant·es (ingé·es ou non) pour leurs études, car ces mesures renforcent la sélection sociale et la nature inégalitaire de l'enseignement supérieur. Elles provoquent une explosion de l’endettement étudiant (qui nous enchaîne pour toute la suite de notre parcours) sans parvenir à rétablir la situation économique des établissements, puisque l’État continue de se désengager années après années. La sur-tarification indécente des étudiant·es étrangers·ères ajoute une solide couche de xénophobie au projet néolibéral. Au contraire, puisque le savoir est un puissant facteur d’émancipation individuelle et collective, son élaboration et son partage doivent être aussi ouverts, collectifs et égalitaires que possible : nous revendiquons la gratuité des études et un revenu étudiant financé par la cotisation pour les rendre possible dans de bonnes conditions, ainsi que des logements et des cantines collectives de qualité pour tou·tes.
A l'heure où de profondes bifurcations écologiques, politiques, économiques et sociales sont nécessaires, les discours creux sur "l'excellence" et "l'innovation", qui ne visent qu’à subordonner les savoirs et les imaginaires aux logiques de concurrence et des entreprises privées, nous font perdre un temps précieux. Pour que nos formations jouent le rôle qui pourrait être le leur dans ces bifurcations, nous revendiquons la défense de l’intérêt général, du service public, du partage des connaissances et des pratiques techniques et scientifiques par et pour tous·tes.
La suite de notre combat
Notre collectif vient d’être crée : nous invitons tous·tes les étudiant·es ingés, et toutes les personnes qui partagent notre combat, à entrer en contact avec nous. Parlons en autour de nous, chauffons nos ami·es engagé·es, créons une conversation de groupe, et structurons nous dans chaque école.
Outre ce blog, nous prévoyons d’ores et déjà toutes sortes d’actions : tractages et affichages, ateliers d’éducation populaire, tables d’information dans la queue du CROUS, assemblées et relai auprès de nos élu·es étudiant·es. Ce n’est que le début, et nous voulons mener des actions plus offensives dès que nous le pourrons.
Surtout, nous avons conscience que ce combat ne pourra être remporté qu'au côté, et à la suite, des nombreuses personnes ou organisations (notamment étudiantes et syndicales)[9] qui s'opposent déjà elles aussi à ce projet néolibéral et à ses promoteurs, gouvernements macronistes en tête. Nous nous associons pleinement aux luttes et aux revendications de nos camarades des universités, et plus largement des travailleur·euses et des citoyen·nes mobilisés.
Nous appelons donc les étudiant·es ingés à rejoindre le mouvement du 10 septembre, à porter ses mots d'ordre contre l'austérité budgétaire et les politiques macronistes, pour la justice sociale et la démocratie réelle, à participer à ses actions et à ses AG, et à s'organiser dès à présent pour mener la lutte dans leurs écoles. À bas les frais et l'austérité, vive les universités !
Nous (re)joindre :
ingenieur.es-sans-frais@list.isf-france.org
https://chat.whatsapp.com/BAByU6UCcNL1zr1zveVEnL
Le texte étant principalement rédigé par les dirigeant· es millionnaires de la multinationale Capgemini, on comprend que l’augmentation des recettes publiques pour financer l’enseignement supérieur et la recherche ne soit même pas évoquée comme possibilité. ↩︎
Cette analyse, que nous esquissons dans ce texte et que nous approfondirons dans de prochains billets, est notamment inspirée par celles des collectifs ACIDES, Rogue ESR et Université Ouverte (site), ainsi que les ouvrages Arrêtons les frais ! Pour un enseignement supérieur gratuit et émancipateur, Collectif, 2015, IDHES-CNRS (disponible gratuitement en ligne) et Le marché aux connaissances, Néolibéralisme, enseignement et recherche, L. Busch, 2014, Quae. Des synthèses de ces ouvrages sont disponibles sur demande auprès du collectif Ingé·es Sans Frais. ↩︎
“On ne pourra pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur est quasi-gratuit”, disait Emmanuel Macron en janvier 2022 à la Conférence des Présidents d’Université. Voir, dès 2018, « La réforme Macron de l’université », S. Beaud & M. Millet , 20 février 2018. ↩︎
Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs, dont le président d’alors, François Cansell (créateur d'une start-up et chantre de "l'innovation") regrettait au passage les "blocages idéologiques" français autour des prêts étudiants. Les frais de scolarité des élèves ingénieurs explosent", Paul de Coustin, le Figaro Etudiant, 05 avril 2017 ↩︎
« Grandes écoles : à l'Institut Mines-Télécom, des frais de scolarité en hausse de plus de 10 % », Marie-Christine Corbier, Les Echos, 26 mars 2024 ↩︎
Arrêté du 19 avril 2019 relatif aux droits d'inscription dans les établissements publics d'enseignement supérieur relevant du ministre chargé de l'enseignement supérieur. ↩︎
« Pourquoi les droits d’inscription universitaires s’envolent partout », Isabelle Bruno, septembre 2012, Le Monde diplomatique. ↩︎
« Recettes pour une université plus mercantile », Abélard (collectif), mai 2024, Le Monde diplomatique. Voir aussi cette recension de l’ouvrage Universitas Calamitatum : le livre noir des réformes universitaires, Éditions du Croquant, Paris, 2003. ↩︎
Telles que Solidaires étudiantes, l’Union Etudiante ou la Ferc-Sup CGT. ↩︎